QUEL TYPE D'ENSEIGNEMENT BIBLIQUE ? Infantilisant ou participant au développement de la maturité spirituelle ?

(SUITE AUX REMERCIEMENTS ET TÉMOIGNAGES REÇUS RÉCEMMENT DE PERSONNES ABIMÉES PAR DES RELATIONS ABUSIVES, NOUS VOUS PARTAGEONS CET AUTRE ARTICLE ÉCRIT L’ANNÉE DERNIÈRE. LES ARTICLES CONCERNANT CE SUJET PEUVENT ÊTRE CONSULTES SUR CE BLOG DANS LA RUBRIQUE "RISQUES ET DÉRIVES")

Romains 12.2 (BDS)
« Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu: ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. »

Au-delà des styles, des personnalités et des influences rhétoriques, je distingue deux types d'enseignements. Celui qui infantilise et celui qui participe au développement de la maturité spirituelle. ll est bon de discerner le type de message que vous transmettez ou recevez, afin de protéger et de nourrir sainement l' âme. Que ce soit sous forme de prédication, d'étude biblique, de formation ou encore en aparté.

Je nommerai ici deux types d'enseignements de façon suivante: la première est " la restitution" et la seconde est "la réflexion". Dans les deux cas, l'enseignement passe par l'apport d'informations et d'éléments utiles pour développer la connaissance de la parole de Dieu. Cependant, lorsque l'enseignement est apporté dans le seul but de faire accepter et restituer tel quel ce qui vient d'être transmis, sans aucune remise en question possible, cela conduit à de l'endoctrinement sectaire et au légalisme.

C'est ce qu'il se passe lorsqu'une personne veut absolument convaincre une autre sans lui permettre d'avoir une opinion différente. Elle (re)joue le rôle d'un parent qui n'attend qu'une seule chose, c'est que l'enfant obéisse sans poser de question et sans recevoir d'explication. Ce qui inconsciemment vient construire la croyance que le parent n'a jamais à donner d'explication, ni à se remettre en question. Pourtant, l'enfant grandit et son raisonnement a besoin de se développer pour devenir responsable et mature.

Combien d'hommes et de femmes ont construit leur identité sans avoir le droit de comprendre, de réfléchir et d'apprendre à faire un choix ! La relation leader et membre se forme parfois à partir de ces jeux psychologiques. Certains pasteurs, certains leaders veulent être informés de toutes décisions personnelles d'un membre de leur assemblée, même si celui-ci désire garder son intimité. Dans ce même jeu psychologique, certains membres attendent de leur leader qu'il donne leur aval pour chaque décision à prendre au cours de leur vie personnelle.

Ils ont toujours besoin d'un papa ou d'une maman pour avancer. Ce qui conduit à une relation infantilisante parent-enfant, plutôt qu'un échange entre adultes responsables. Je ne dis pas que ce type de relation ne doit jamais exister, il faut parfois passer par cette étape, mais pour aller vers une autre.

Notre façon d'enseigner, qui bien souvent est un prolongement de notre vie relationnelle, peut infantiliser plutôt que d'ouvrir le chemin de la responsabilité et de la maturité. En réaction à ce jeu psychologique du parent "je sais tout", il peut se produire deux types de réactions dans une assemblée. Les personnes qui la composent et qui n'ont pas conscience de leur état fonctionnel (re)joueront à leur tour, soit, le rôle de l'enfant soumis, soit celui de l'enfant rebelle.

Il est alarmant de constater que ce type de fonctionnement persiste. C'est alors qu'il conduit à de la manipulation et du contrôle sur des personnes fragilisées que nous sommes, les uns plus que d'autres, et qui n'osons remettre en question la parole de celui qui représente la fonction d'autorité. Bien souvent, cette fonction représente symboliquement et inconsciemment ce parent "je sais tout" dont il est interdit de questionner le sens de ses injonctions. Ce qui peut aussi se produire, c'est que certaines personnes finiront par ne jamais savoir ou oser prendre leur propre décision. Ils attendrons que les autres choisissent à leur place, avec tous les risques que cela comportes.

Ce qui est fou, c'est que certains pensent vraiment, que remettre en question une injonction reçue par cette autorité ecclésiastique et humaine soit un interdit divin, un principe spirituel. Certains en abuse même, de par leur position de leader. Il est bon de savoir et surtout de comprendre que ce type de relation est l'emprise d'un fonctionnement qui nous tient lié, peut-être depuis notre enfance, voir notre nouvelle naissance spirituelle. La prise de conscience de ce jeu psychologique est une bénédiction tant pour celui qui domine, que celui qui est dominé, car elle permet de cheminer vers la guérison des relations psychiquement contaminées et contaminantes. Alors, si cela devait être bien plus qu'une question de fonctionnement psychologique, ce type de principe qui impose une relation dominant-dominé serait plus de source démoniaque que divine.

"L'enseignement doit être une aide à la maturité et non un maintien dans une relation infantilisante"

C'est ici, que bien souvent, je demande à l'Esprit de renouveler mon intelligence afin qu'il m'accorde, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une autre personne, le discernement pour que je puisse m'extraire consciemment de ces jeux psychologiques. Prier n'est pas un acte magique, mais une connexion, une mise en relation avec l'Être Divin et plus précisément avec Sa pensée.

Notre façon d'enseigner ou de recevoir un enseignement doit nous garantir d'aller hors de ce système anxiogène plutôt que de nous y garder. L'enseignement réflexif doit aider la personne en lui apportant les éléments et les outils nécessaires pour que celle-ci puisse réfléchir, échanger, penser et cheminer librement dans son parcours spirituel.

Un enseignement biblique sain, offrira une instruction sérieuse, basée sur des fondements bibliques, transmettant les principes le plus objectivement possible, mais veillera toujours à ce que l'âme enseignée soit accompagnée dans sa progression, dans les limites actuelles de sa compréhension, respectée dans son libre-arbitre et amenée à être consciente de ses décisions et de son investissement pour le royaume.

Au nom de quoi que ce soit, nous ne pouvons ignorer la subjectivité de l'autre et faire comme-ci elle n'existait pas. L'enseignant, le responsable ne doit rechercher aucun profit personnel et par son attitude communiquer des injonctions sous-entendues.

Cependant, il est heureux pour tous de voir naitre, entre l'enseignant et l'enseigné, une relation de bien être dans laquelle peut découler et s'exprimer une réelle volonté de servir ensemble la cause de Christ pour notre humanité et non développer une relation faussée, contaminée par l'entretien d'un sentiment de fausse culpabilité et de devoirs imposés.

Tonino D.

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