Oui au véritable miracle, mais non à l'illusion !

Depuis toujours, parler de miracles génère une tension, non seulement auprès des incrédules, mais également au sein de l’Église dans son ensemble. La question du miracle, quelle qu’en soit sa forme, reste toujours un point délicat à aborder quant on ne peut arriver à se dégager des positions extrêmes soutenues par des discours unilatéraux ne laissant aucune place à l'intelligence renouvelée par l'Esprit. Entre ceux qui y croient et d'autres pas du tout, entre ceux qui voient des miracles partout et ceux qui voient une explication rationnelle à tout phénomène inexplicable, entre les vrais miracles et les pseudo miracles, pas toujours facile pour ceux qui cherchent la vérité.

Le but de cet article n'est pas la démonstration de ce qu'il faut croire ou ne pas croire, mais de vous proposer de décaler un peu la réflexion.

Si je me réfère à la bible, il me semble être juste de dire que le miracle n'a jamais été un but en soi. Cependant, toujours en se référent aux écritures, on ne peut renier que les miracles étaient souvent considérés comme la manifestation de la puissance de Dieu en action lui permettant d'atteindre son but. Ce n'est pas un hasard, si l'évangéliste Jean dans son évangile, rapporte sept miracles particuliers réalisés par Jésus et nomme chacun d'eux comme étant un "signe" et n'utilise pas le terme miracle.

Il est également rapporté dans l'évangile de Marc 16.15-18 le message suivant :

" Et il leur dit : — Allez dans le monde entier, annoncez l’heureuse nouvelle à toute l’humanité. Celui qui croira et se fera baptiser sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui marqueront la vie des croyants (disciples) : en mon nom, ils chasseront des démons, ils parleront des langues nouvelles, ils saisiront sans dommage des serpents venimeux, et s’il leur arrive de boire quelque poison mortel, ils n’en subiront aucun mal. Ils imposeront les mains à des malades et les guériront."

Si tout miracle de Dieu est un véritable miracle, et je n'en doute aucunement, est-ce que pour autant tout ce qui aujourd'hui se dit être miracle en est vraiment un ? Est-ce que la bible s'oppose à la vigilance et à la recherche du discernement ? Est-ce pour autant un manque de foi ?

Pourquoi je vous pose ces questions ? Tout simplement parce que lorsque nous aimons Dieu et cherchons la vérité, nous ne cherchons pas ce que nous voudrions voir, ce qui nous impressionne, mais nous cherchons à voir ce que Dieu veut réaliser lui même. Nous ne cherchons pas le miracle pour justifier la présence de Dieu, mais nous laissons Dieu agir comme il désire manifester sa présence.

Au temps de Jésus, les faiseurs de miracles étaient nombreux, d'ailleurs on ne savait pas toujours si ces gens réalisaient de véritables miracles ou s'ils dupaient par de la magie, de l'illusionnisme. La magie était considérée comme démoniaque, occulte, interdite par la loi de Moïse. Non pas parce cette magie venait divertir les gens comme un spectacle de loisir, mais parce qu'on la faisait passer pour une manifestation divine.

Prenons conscience que l'enjeu qui se trouvait autour des miracles de Jésus n'était pas de savoir s'ils avaient bien été accomplis, mais plutôt au nom de quelle puissance. Tous reconnaissaient que les miracles avaient eu lieu, mais pour les uns cela ne pouvait être que de Dieu (" Une nuit, il vint trouver Jésus. Il le salua en ces termes : — Rabbi, nous savons que Dieu t’a envoyé pour nous enseigner, car de toute évidence personne ne saurait accomplir les miracles que tu fais si Dieu n’est pas avec lui."), et pour les autres par la force des démons ("Les interprètes de la loi venus de Jérusalem discutaient et disaient qu’il était sous l’emprise de Béelzébul. Il pouvait chasser les démons, prétendaient-ils, parce qu’il avait partie liée avec leur chef.").

Interpellant, vous ne trouvez pas, que cela reste la tension d'aujourd'hui au sein de nos communautés dans toute sa diversité ?

Je prie pour que l’Église puisse redécouvrir le véritable sens et la véritable puissance qui manifestait la présence de Dieu. Je prie pour que l'Eglise cherche sans cesse le discernement. Je prie pour que de vrais miracles se produisent et continuent à se produire, non pas pour la fierté ou la sensation du miracle, mais pour la manifestation et la compréhension du signe que Dieu transmet au travers de celui-ci ! Je prie aussi pour que tous soient au service du véritable but du miracle, c'est à dire l'annonce, la venue et l'établissement du royaume de Dieu et non la croissance d'une reconnaissance identitaire personnelle et ministérielle. Mais faisant partie de l’Église du Christ, je prie avant-tout pour moi-même, pour que je puisse rester à la recherche de la Vérité et non me contenter de mes propres vérités.

Mais je prie aussi pour que l'on appelle plus miracle ce qui ne l'est pas afin que l'on reste dans la vérité et que l'on ne décrédibilise pas le sérieux de ceux-ci quand ils sont réels et vrais.

L’Église n'a pas besoin de faiseurs de miracles, mais de la puissance de l'Esprit qui accomplit par le nom de Jésus-Christ ce qui doit être accompli selon sa volonté.

Pour terminer je vous laisse cette réflexion : Les plus grands miracles ne sont pas toujours le fruit de ce qui est le plus spectaculaire mais ce qui touche l'âme au plus profond. Lorsque Jésus guérit les 10 aveugles, un seul revient à lui et il a suffit, par sa parole, que le cœur d'une femme samaritaine soit véritablement touché, interpellé et transformé pour que tout un village soit sauvé.

Alors, pour ma part, les miracles oui, mais pas de mirages spectaculairement illusoires qui avec le temps décrédibilisent et occultent la Vérité!!!

Tonino D'Arcangelo

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