12 Juillet 2017

Publié par D'Arcangelo Tonino

QUAND L' EGLISE DEVIENT UN SYSTEME ABUSIF ! (Article 3 : suite de la série...)

Obsédés par les accomplissements religieux.

Revenons donc à notre grille d’analyse nous permettant de diagnostiquer certains symptômes indiquant la présence d’un système abusif. Approchons notre deuxième point énoncé précédemment :

2. Obsédés par les accomplissements religieux.

Dans les systèmes abusifs, le pouvoir est placé sur un piédestal en insistant fortement sur une fausse autorité (voir article 1). Les mots chantants, c’est-à-dire les mots que l’on peut entendre régulièrement sont « l’obéissance et soumission ». Des mots fortement propagés dans les situations où les responsables veulent faire passer leurs idées, leurs objectifs.

Dans leurs discours, l’obéissance et la soumission n’est plus un appel intime et de conviction que l’homme décide de remettre à Dieu, mais une sorte d’injonction, d’obligation à accomplir des actes religieux, qui au fond ne sont que des actes qui permettent de faire tourner leur « entreprise-église ». Très souvent ces actes demandés sont des injonctions pour accomplir et atteindre en réalité des projets menés et quel qu’en soit le prix. Nous tombons là, sans s’en apercevoir dans l’utilitarisme dont son dicton est : « La fin justifie les moyens ». Dans ce type de fonctionnement, l’être humain est réduit à un objet et non à un sujet.

Dans ces fonctionnements destructeurs, bien souvent la grâce et la faveur de Dieu sont blasphémées par des discours de performances réalisées et recherchées. Vous pouvez trouver ce genre de discours démesurés dans les différents domaines tels que les offrandes, le travail missionnaire, les conversions, les projets internes…

Dès lors, derrière le discours de la grâce se cache toujours celui du mérite. Ce qui est le plus terrible, c’est que parfois ce sont ceux qui sont reconnus comme enseignants de la parole ou comme porteurs d'une onction particulière qui tiennent ce genre de discours. C’est dire le pouvoir qu’ils utilisent sur les membres dont la structure psychique fragilisée ne peut que se soumettre, sans rien dire, à une structure imposant une position parentale protectrice négative, voire dictatrice parfois.

La question éthique: Ce type de dirigeants désirent-t-ils vraiment que les gens soit renouvelés dans la grâce ou désirent-ils les voir performer ?

Bien évidemment les voir performer, c’est se voir performer soi-même, en tant que manager, que leader d’une belle entreprise… Mais est-ce réellement cela la mission d’un berger ?

Aujourd’hui, nos églises sont influencées par la manière dont sont gérées les entreprises marchandes de la société. Le problème est que, si parfois la forme peut être séduisante et sembler pertinente, l’esprit qui les anime est bien souvent éloigné de l'Esprit de la grâce.

Pour exemple, celui qui ne performe plus, qui tombe malade ou qui passe par un moment de faiblesse, ou qui se rendant compte du système pervers, en dénonce la problématique, devient gênant et se voit être remplacé directement. Ce qui gêne, c’est le fait de ne pas pouvoir suivre la cadence effrénée imposée par ces types de managements qui n’ont qu’une seule idée en tête, faire du résultat. Par contre, l’humain sujet, l’humain dans ce qu’il vit profondément, dans ce genre d’entreprise, on s’en fou. Dans ces assemblées que j’appelle personnellement « église-entreprise », c’est cet état d’esprit qui règne et qui abuse de la fragilité, de la vulnérabilité de certains de ses membres. Tout ce qui compte c'est que ça tourne et que l'on voit une croissance quantitative, bien souvent au détriment d'un réel qualitatif.

Laissez-moi vous faire part de ce passage de David Johnson et Jeff Van Vonderen :

« C’est comme si ce pasteur évangélique faisait le lien entre l’assistance aux réunions de l’église et l’obéissance à Christ. Mais Dieu nous enseigne qu’il regarde premièrement au cœur. Il ne désire pas que nous fassions les bonnes choses pour les mauvaises raisons ! Nous savons bien que l’obéissance à Dieu n’est pas négociable. Cependant pour discerner si quelqu’un fait la bonne chose pour la mauvaise raison (et j’ajouterais personnellement ici : « et de la mauvaise manière »), remarquez si cette personne fait le compte rendu de ses œuvres. Disons-le d’une autre façon. Si le service et l’obéissance jaillissent de votre cœur comme un fruit de votre dépendance de Dieu seul, vous ne prendrez aucune note de vos œuvres comme pour garder un œil sur la récompense : vous obéissez et c’est tout (J’ajouterais également : « pas besoin d’être sous la contrainte »). Mais si vous vous demandez si cela est suffisant pour plaire à DIEU, alors vous ne comptez plus sur lui, mais sur vos propres œuvres. Et vous êtes soucieux du fait que d’autres pourraient aussi vous regarder et vous évaluer… pourquoi vous serait-il nécessaire de garder le compte de vos bonnes actions, sinon pour essayer de gagner des points spirituels ? »

J’ai entendu pire encore ces derniers jours, une personne avouait à une autre, de devoir cacher à son pasteur d’avoir été visité une autre assemblée et de devoir lui rendre compte de cela. Que ce soit volontaire ou non, que ce soit d’une bonne intention ou non (ce qui est encore à démontrer), ce système de pensées contrôlant est un système abusif.

Laissez-moi vous dire, n’ayez aucune crainte et aucun remord de sortir d’une façon ou d’une autre d’un tel système, car il en va de votre liberté, de votre santé spirituelle et morale.

Laissez-moi terminer avec ceci pour aller au bout de ce développement.

Certaines façons de gérer nos assemblées sont contaminées par des systèmes de pensées séducteurs, manipulateurs et humiliateurs. Elles n’encouragent nullement la sainteté à l’obéissance, mais cherche plutôt à se servir d’un certain pouvoir pour accommoder l’interprétation spirituelle maladive des dirigeants et leur désir de contrôler les gens.

Alors, l’obéissance et la soumission sont-elles importantes ? Certainement, sans aucun doute. C’est ce que nous enseignent les passages de romain 13.1, 1 Pierre 5.5 et Hébreux 13.17 dont voici ce qu’ils nous disent :

« Que toutes personnes soient soumises aux autorités supérieures ». « Soyez soumis aux anciens ». « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence (c’est-à-dire, de la considération respectueuse) ».

Des textes importants, justes, et que nos manipulateurs n’oublieront pas de nous rappeler mais en laissant de côté deux éléments importants.

Le premier, nous en avons parlé dans le premier article, me semble-t-il : c’est qu’avant tout il ne faut pas confondre l’autorité basée sur une prise de pouvoir statutaire avec celle accordée par Dieu à une personne.

Le second, c’est que les écritures offrent d’autres textes qui mettent en équilibre les trois textes précédents. Notamment : actes 5.29 : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». dans les système religieux abusifs, les manipulateurs auront le soin de bien utiliser la puissance du silence (suite de cet article) en omettant volontairement de prêcher sur ces passages.

Prenez note nous disent David Jonhson et Jeff Van Vonderen, que dans ce passage, Pierre s’adresse à des dirigeants religieux auxquels les apôtres désobéissaient.

En théorie, l’obéissance aux dirigeants semble faire partie d’une bonne théologie. Dans la pratique, il est approprié d’obéir et de se soumettre quand leur autorité vient réellement de Dieu. Et nous pouvons le discerner par ce qu’ils disent, ainsi que par leur manière d’agir, ceux-ci devant être en accord avec ce que Dieu dit dans son ensemble.

Pour plusieurs raisons, les gens vont parfois exécuter des ordres dans le seul but d’éviter l’humiliation qu’ils sentent venir, essayant de gagner l’approbation de quelqu’un ou de garder intact leur statut personnel ou celui qui leur est reconnu dans l’église.

Ceci n’est pas le type d’obéissance, ni la vraie soumission que Dieu recherche. Ce genre d’attitude est plutôt du conformisme. Lorsqu’une action est imposée ou s’impose à nous de l’extérieur à nous-même, plutôt que de jaillir d’un cœur rempli d’amour et disposé pour Dieu, il n’est pas question d’obéissance, spirituellement parlant. On se trouve plutôt face à notre faiblesse conformiste qui plie devant une pression extérieure.

Je sais que ce n’est pas facile de sortir de ce genre de situation, je l’ai moi-même vécu un moment de ma vie, mais même si le combat est difficile, déstabilisant, il en vaut la peine… Accrochez-vous à Dieu, il ne vous abandonnera jamais et sortez de ces systèmes, il en va du soin de votre âme, je dirais même de sa guérison et pour certains de sa résurrection spirituelle.

Une réelle transformation s’opère à l’intérieur et produit des actions extérieures par la suite et non l’inverse. Ne cédez pas aux pressions extérieures ; même celles déguisées en autorité spirituelle, mais soyez transformez ! C’est que nous propose l’apôtre Paul dans Romain 12.2

« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformé par le renouvellement de l’intelligence ».

La transformation du cœur n’est pas un conformisme religieux !

N’oublions pas que nous sommes dans le siècle de l’image et de l’instantané et que l’église n’y échappe pas si elle ne prend pas continuellement garde. Nous n’y échappons pas non-plus si nous n’y prenons pas garde personnellement.

Lors du prochain article, nous aborderons le point trois, les règles sous-entendues et notamment celle du silence, quand sa puissance devient destructrice et reine, c'est à dire, pièce maitresse des abus.

N’abusez pas de ces articles, ce ne sont que des fragments de pensées en quête de la Vérité, mais retenez ce qui est bon pour votre vie à vous et persévérez dans l'étude de Sa Parole et dans le renouvellement de de vos pensées par la communion avec l'Esprit du Christ !

Tonino

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