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Publié par D'Arcangelo Tonino

06 Accomplir ce qui est juste !  MATTHIEU 3.13-17 (DERNIERE PARTIE)

Si vous lisez pour la première fois un article dans cette rubrique " L'Agir éthique et enseignement du Christ ", il est important que vous lisiez l'introduction " à savoir ",  explicitant l'esprit et l'objectif avec lesquels aborder ces articles mais aussi l'article "Avant propos".

Encore inconnu du peuple juif, voici que Jésus se présente auprès de Jean le baptiste. De son côté, Jean le prophète attire beaucoup de monde. Il suscite l’attention générale. Non seulement il inaugure un nouveau rite symbolique, devenu sacrement aujourd’hui, mais il prêche l’urgence de de se repentir car, l’apparition de celui que Dieu s’est choisi pour libérer son peuple est imminente.


Jean n’a cessé de prêcher et de dire que celui qui est annoncé est bien plus grand que lui, qu’il baptisera d’un baptême bien plus grand que le sien.

Lui, Jean, plonge (signification du mot baptême) le corps de l’homme dans l’eau en signe de repentance, mais le "oint", c’est à dire le "Christ", celui qui a été choisi par Dieu parmi les hommes, nous plongera dans l’Esprit, dans les pensées les plus profondes du coeur même de Dieu.

Le baptême que Christ apportera est le baptême le plus pur que peut recevoir un esprit humain. Un baptême permettant à l'homme d’accéder au plus près de la pensée et de la volonté de Dieu. Jean qui prêche cela tous les jours dans le Jourdain, lui qui baptise les autres, n’attend qu’une chose, c’est d’être lui-même plongé dans l’eau de l’Esprit, cette eau de vie éternelle, il veut être plongé dans le Jourdain céleste.


Le voilà maintenant devant celui qui est le Messie. Jean devait certainement ressentir une joie et un enthousiasme profond, je me permets d’imaginer ici ce qu’il aurait pu ressentir et dire : « ça y est, tu es là, le temps est venu de te révéler au monde, maintenant que tu es là, le royaume de Dieu va s’installer. En tant que notre Roi, notre Messie, manifeste ta grandeur et révèle ton statut. Vas-y prend ma place, oh Seigneur pardonne mon offense, je veux dire, prend ta place, voici, prend-là, maintenant, tout de suite. Réalisons la passation, officialisons ton couronnement devant tous ces témoins et baptise-moi en signe de ta grandeur, de ton statut car, si je me laisse baptiser par toi, tous verrons que je te reconnais comme messie. »


Peut-être Jean avait-il imaginé autre chose encore, mais ce qu’il n’avait pas imaginé, c’est que l’Agneau de Dieu, l’agneau pur et sans tâche, vienne à lui pour être baptisé du même baptême que tous les hommes. Jean le regarde, décontenancé et lui dit : « mais, c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi ». Lui qui avait déclaré : « mais celui qui vient derrière moi est plus puissant que moi, et ce serait encore trop d’honneur pour moi de lui ôter ses sandales ». (Mat 3.11 version NBS)

On peut déjà, me semble-t-il ici, dégager une réflexion intéressante en ce qui concerne l’attitude de Jésus face à la réaction de Jean le baptiste. Cette réaction peut aussi nous aider à réguler nos rapport sociaux dans le travail, dans l’église, dans la société, etc…


Pour Jean, c’est un peu comme si, face à la présence de Jésus, il devait annuler son rôle, sa mission et s’effacer complètement dans sa propre fonction. Il est prêt à le faire. Une attitude que l’on peut admirer et aisément comprendre quand on sait que Jean avait conscience par révélation à ce moment là de celui qui était devant lui, et particulièrement lorsque l’on sait ce que représentait  le MESSIE, le oint de Dieu à ses yeux et à ceux de ses contemporains. C’est un peu comme si le statut de Jésus anéantissait tout et que le reste n’avait plus son importance. 


Par son attitude, Jésus transmet à Jean un message d’humanité fort me semble-t-il. Non seulement, je te considère digne de m’enlever les sandales, mais mieux encore tu es digne d’accomplir ta mission envers moi comme tu l’accomplis envers tous les hommes. Christ garde son statut d'homme et ne revendique pas un autre statut, car le temps n'est pas encore venu et rien n'a encore été réalisé pour y changer quelque chose.

En d’autres termes, Jésus disait : "mon statut, mon titre et la représentation que tu te fais de moi ne dois annuler en aucun cas ce que tu es, ton rôle, ta fonction, même envers moi. et cela ne doit pas non plus faire oublier l'essentiel de ma fonction, de ce pourquoi je suis venu."


On touche là, à une attitude opposée à celle d’un responsable, d’un leader, d’un meneur, d’un chef avide de s’élever en négligeant, ignorant, mésestimant l’autre dans ce qu’il est, dans ce qu’il accompli, dans ce qu’il réalise. Jésus transmet par son attitude ce message : "Jean, tu es digne et il est légitime que tu accomplisses envers moi ce qui doit être réalisé."
 

Finalement, ne retrouvons-nous pas ici une des racines d’un certain mal-être de l’homme dans ses relations établies au sein de ses différentes sphères de vie. Ne mettons-nous pas, parfois, trop d’importance au statut au détriment de la fonction ?

Par exemple, si je suis appelé à être cadre dans une entreprise, une société, un service, si je m’en préoccupe réellement et sérieusement, qu’est-ce qui est le plus important pour un développement sain ? Est-ce d’avoir le statut, c’est à dire le titre de directeur, d’en avoir les titres requis pour accéder à ce poste ou d’assumer pleinement la fonction avec toutes les difficultés en m’investissant réellement dans la gestion et la conduite de l’établissement dont je suis responsable et au service ? Le statut est parfois nécessaire et incontournable, mais si nous n'assumons pas la fonction à quoi bon ?


Autre exemple, on peut avoir des enfants, avoir le statut de parents mais de ne pas en assumer la fonction, la responsabilité qui incombe. Je me souviens de cette mère qui un jour me racontait son histoire. Elle avait déjà un bon nombre d’enfants, la plupart placés dans des institutions. Cette maman que je devais accompagner était enceinte, « encore » comme disaient certains. Elle était critiquée, parfois avec mépris, par son entourage, mais aussi par certains intervenants sociaux et médicaux. Même si le mépris me dérangeait fortement, je partageais le fait qu’il y avait un problème chez cette mère, un problème dont il fallait aborder avec elle.


Que se passait-il ? Pourquoi cette mère ne pouvait-elle pas sortir de ce fonctionnement ? Je n’aurais pas ici la prétention d’en diagnostiquer toutes les raisons qui ont conduit cette mère à cette situation. Mais dans son histoire, il y avait un point qui me revient et m’interpelle fortement avec ce que j’essaie de partager. Son parcours de vie éducatif lui avait transmis la pensée et la valeur suivante : « Le plus important dans la vie, c’est d’être heureux et il n’y a pas de plus grand bonheur que d’être mère ». Cette maman s’accrochait à son statut de mère sans avoir conscience qu’être mère (comme père d’ailleurs) était avant tout une responsabilité envers des vies, envers la vie. Malheureusement, elle n’avait pas été préparée à cela.

Ne lui jetons pas la pierre, car qui peut prétendre avoir mesuré et assumé toutes les responsabilités qu’incombent le fait d’être parent. A la recherche constant de son bonheur, chaque fois que la société lui privait de son enfant (je ne discute pas ici le bienfait ou non), elle comblait cette privation par la venue d’un nouvel enfant. Je crois que pour elle, être mère lui donnait un statut, lui donnait l’impression d’avoir, au regard de son entourage, réussi à faire ce qu’il fallait pour être reconnue et donc devenir heureuse. En réalité elle ne l’était pas, mais elle paradait et se mutait dans cette représentation de la recherche du bonheur en fuyant la souffrance de se voir enlever la garde de ses enfants.


Je tente par ces exemples de démontrer qu’acquérir un statut, un titre ne fait pas tout, qu’il n’est pas l’assurance que nous sommes fiables et que nous fonctionnons de façon juste et bonne, pour soi et pour les autres.

 
Un titre ne donne pas non plus le droit d’anéantir la mission, la fonction, la responsabilité de l’autre ni de fuir la sienne. Un statut, un titre permet de situer, d’officialiser une position dans une organisation, dans une institution, mais ne garanti en rien le bon fonctionnement de la responsabilité qui incombe. Pour cela il faut apprendre à développer nos compétences et à agir de façon juste, en tous cas le plus justement possible qu’il nous soit donné de discerner. 


C’est ainsi que Jésus répondra à Jean le Baptiste : « Laisse faire maintenant, car il convient qu’ainsi nous accomplissions toute justice. » Alors il le laissa faire.


Durant son ministère, Jésus n’insistera jamais sur son statut ou son titre de Messie, de Fils de Dieu, il amènera, son entourage dans un premier temps et le monde par la suite à le reconnaitre non par la voie d’une notoriété héritée par un titre, mais par une vie qui a fait ses preuves. Christ ne compte pas sur la notoriété d’un autre pour réaliser sa mission, s’il doit être reconnu comme Roi et Messie ce sera par révélation au travers de son œuvre concrète, de sa vie.

« Laisse faire maintenant » ou autre traduction « Accepte pour le moment… » dira Jésus.


La notion de temporalité prend tout son sens dans la volonté d’accomplir ce qui est juste. Il ne suffit pas de déterminer un objectif, une mission, il faut encore saisir le bon moment, le moment favorable. La précipitation peut devenir un obstacle à l’émergence de la justice.

Je ne suis pas spécialiste de la question, mais l’histoire nous démontre que, dans certaines enquêtes, il a fallu parfois beaucoup de temps pour que la vérité apparaisse et que justice soit faites. 


L’attitude de Jésus fait obstacle à l’opportunisme. Il n’est pas là pour se conduire de façon intéressée, il est là pour accomplir ce qui est juste et non pour tirer un certain profit personnel. Sa mission pour l’humanité est prioritaire.


Pour se faire, il est une voie par excellence « … car il convient qu’ainsi nous accomplissions toute justice. »


L’idée fondamentale rendue dans ce passage par le terme justice est celle de conformité, de fidélité à la volonté de Dieu. Dieu ne s’impose pas par la force, le royaume de Dieu ne se réalise pas et ne se répand pas par la violence, par la domination de l’homme sur l’homme, ou encore par le leadership d’un seul homme à la tête d’une nation, mais par une transformation des cœurs, c’est à dire une transformation de la vie intérieure de chacun. C’est la responsabilité de chacun pour tous. 
 

Jésus ne voulais pas prendre la place d’un héros adulé par un peuple qui lui reconnaitrait un certain statut de « messie » sans réellement comprendre, à la fois la raison de sa venue et la manière dont cela devait se passer. Ce ne sont pas des honneurs officialisées au devant du peuple qui importe, mais la réalisation de la gloire de Dieu au travers de sa vie, de ses gestes, de ses attitudes, de ses enseignements qui ne peuvent s’écarter de l’Amour du Père envers l’humanité. 


Un des grands enseignements que je retiens de la personne du Christ, c’est cette volonté de ramener l’homme à son humanité essentielle, c’est à dire, nous ramener à ce qu’il y a de commun à tous les hommes, tous ayant été créés pour représenter la Gloire de Dieu sur terre. 


Nous devons à juste titre, reconnaitre que la vision superficielle de l’histoire des hommes, du christianisme, peut sembler loin d’être un témoignage de la réalité de ce royaume. C’est vrai si l’on ne regarde qu’avec un regard superficiel. Sans en être capable d’en faire la démonstration, mais juste en tirant quelques observations de mes lectures, on peut juste déjà dire, que là où la Chrétienté, la vraie, est passée, elle a amélioré ne fut-ce que les conditions de vie et fait évoluer les mentalités vers d’autres concepts et valeurs… Cependant, lorsque le christianisme s’est retrouvé entre les mains de tyrans, d’hommes assoiffés de pouvoir, le nom de chrétien, de christianisme est devenu un contre témoignage de celui apporté par le Christ lui-même.


Si nous avons tous une singularité, si nous sommes tous unique, nous avons tous quelque chose de commun tant dans notre fondement que dans le devenir auxquels nous sommes appelés.

 
Ce que ce passage m’enseigne sur l’attitude du Christ, c’est que notre statut, notre titre n’est pas le plus important, mais ce qui importe, c’est d’accomplir ensemble notre mission commune en respectant la fonction, la raison d’être de chacun.

Jésus n'a pas choisi de courir après son statut, mais bien de réaliser sa fonction : « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». C’est bien parce qu’il a accepté et accompli en tant qu’homme sa mission qu’il est Fils de Dieu assit à la droite du Père.

 
Ne nous fions pas aux statuts et aux titres que peuvent porter les humains (pasteur, prophète, responsable, directeur, coordinateur…), méfions-nous également de nous-même, le titre et le statut ne garanti pas que la fonction liée à celui-ci soit accomplie avec justesse dans la justice de Dieu.

Contrairement à certaines pratiques, le statut de Messie n'est pas là pour mettre les hommes à son service sous la contrainte, souvenez-vous du statut de roi parmi les nations (deuxième partie), mais pour offrir le plus grand des services à l'humanité, son salut.

Servir avec et pour les autres ou se servir des autres ? Telle est la question de notre attitude au sein de nos institutions.


« En effet, chaque arbre se reconnaît à ses fruits. On ne cueille pas de figues sur des chardons, et on ne récolte pas non plus du raisin sur des ronces. » Luc 6.44
 

Tonino D.

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