Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Tonino D'Arcangelo

Puisque les mots racontent la vie des hommes et pansent leurs maux.

Ce matin, je vous partage l'avant-propos de l'un de mes prochains ouvrages en élaboration d'écriture.

Puisque les mots racontent la vie des hommes et pansent leurs maux, je vous raconterai au travers de ces récits, quelques épisodes de mon histoire qui seront questionnés et resteront questionnants. Si, comme le disait Philon, « saisir Dieu c’est le savoir insaisissable et le voir, c’est voir qu’il est invisible », il y a dans la vie d’un croyant, une réalité qui s’élève au-deçà de ce qu’il a pu vivre réellement, ainsi qu’une vérité bien plus vraie que ce qu’il en interprètera sincèrement.

Il n’est jamais facile de livrer une part de son intimité quand on sait qu’elle sera peut-être malmenée tout simplement parce qu’elle-même malmène des certitudes irraisonnables et des savoirs incertains. 

Ce qui me rend fort et fragile à la fois, c’est que, quelques soient les différents cercles de réflexion que je peux fréquenter, tels que les assemblées chrétiennes, ou encore, par le biais de mon boulot, des groupements humanistes, philosophiques, éthiques, etc., c’est qu’à la fois je m’y sens bien et en même temps, il arrive toujours un moment où je ne peux être entièrement moi-même sans risquer de faire les frais d’un jugement blessant ou d’une remarque violente, très difficile à supporter pour mon âme.

Je ne suis pas un être blindé, je peux très souvent pleurer en silence, sans même que coule une larme, et en même temps, surmonter la souffrance des blessures de l’âme qui se cicatrisent  en chemin.  Si je me sens bien dans ces différents endroits fréquentés, et quand bien même j’y suis très bien accueilli, que l’on m’y accorde une place, si je suis heureux de collaborer, de vivre et de partager la richesse de ces instants, jamais, au grand jamais, je me sens totalement au bon endroit, et entièrement à « ma » place.

Si la concession est indispensable pour qu’une communauté puisse exister et permettre le développement d’une vie sociale, elle ne garantit jamais le bonheur personnel. La concession peut devenir ce geste d’amour, quand par sa nécessité et sa ténacité, elle évite de nuire à l’équilibre d’un collectif important. Bien souvent, la concession maintient en équilibre un groupe dont son existence consolide un sens à la vie de ceux là-même qui le constitue et y contribuent à ce qu’il persiste.

Il y a des réflexions qui, parfois, ne peuvent se partager que par l'acte d'écrire. L'écriture et la lecture permettent une liberté et une juste distance émotionnelle que ne permettent pas toujours les enjeux relationnels existants au sein d'un groupe, d'une communauté. 

Cependant, l’acte d’écrire est un instant où je peux et où je me donne le droit sans concession, d’être entièrement moi-même ; j’entends ici par être moi-même, le fait de ne pas devoir renoncer à exprimer mes sentiments, mes émotions, mes propres pensées, mes croyances, mes propres interrogations, ma foi dans sa forme unique et personnelle. C’est un présent qui me permet de partager et de questionner des idées sans devoir risquer d’endurer, ce que l’on peut subir, secrètement et intimement lors de certaines concessions, aussi nécessaires soient-elles au bien-être ou à la survie d’un collectif. 

Lorsque les mots sont posés, écrits, lorsque ceux-ci sont matérialisés, lorsque nous prenons le risque de les lâcher dans la nature humaine, ils cheminent sans que nous ne puissions plus les maitriser. Si le présent me permet d’être moi-même dans l’acte d’écrire, si cet acte me libère des concessions naturelles et nécessaires à ma vie sociale, l’avenir m'exigera tôt ou tard le devoir moral de réaliser à nouveau certains compromis. Ceux-ci pouvant se manifester sous des formes bien différentes comme avoir une certaine tolérance, accepter certains renoncements, certaines privations, offrir un certain dévouement, accepter de se taire, etc.

Cela voudrait-il dire que je n’ai pas de limite et que je me ferais à tout et à tous pour toutes causes et dans toutes circonstances ? Que je n’ai point de cadre de référence ? Pour les uns, serais-je un hérétique mettant en doute l’autorité des écriture saintes ? Pour les autres, serais-je un rêveur, un être naïf, conduit par une foi sans raison ? 

Au fond, qu’importe ce que l’on en dira puisqu’on ne peut maitriser la langue nous dit Jacques dans son épître. En voici  quelques passages :

[1]La langue aussi est un feu ; elle est tout un monde de mal. Elle est là, parmi les autres organes de notre corps, et elle est capable de souiller notre être entier. Allumée au feu de l’enfer, elle peut enflammer toute notre existence et mettre le monde en flammes.

L’homme est capable de dompter toutes sortes de bêtes sauvages : quadrupèdes, oiseaux, reptiles, animaux marins, et il les a effectivement domptés.

Mais personne n’arrive à dompter parfaitement sa langue. C’est un fléau impossible à maîtriser, un réservoir plein de venin mortel.

En comparaisons avec cette attitude médisante qu’il déclare être la marque de l’immaturité spirituelle, Jacques ajoutera un peu plus loin :

[2]Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est en premier lieu pure (de tout mal) ; de plus, elle aime la paix, elle est courtoise et douce, elle ne connaît pas les préventions et l’esprit de parti, elle agit sans duplicité ni feinte. Elle est sans façons et sans fard. Elle se montre compréhensive et conciliante, elle est ouverte à la discussion et capable de céder, pleine de bonté et de compassion ; elle produit beaucoup de bonnes actions.

 

Ceux qui procurent la paix répandent paisiblement une semence qui a pour fruit ce qui est juste aux yeux de Dieu.

 

Je garderai donc cette liberté de me laisser toucher, sensibiliser et façonner par ces trois principes corolaires que sont la foi, la raison et la grâce. La raison est un don, une grâce de Dieu qui nous permet de conquérir la connaissance de Dieu dans toute la mesure du possible, et à proférer ce que nous croyons connaitre de lui. Je me sers de ma raison aussi loin que cela m’est possible, avec les limites qui sont les miennes, en faisant de celle-ci un usage fondé sur la justice et l’amour du Christ. Là où ma raison atteint sa limite, ma foi me porte plus haut et plus loin dans la confiance et la certitude que ma vie à une destinée et une raison d’être confiée en Dieu. La grâce couronne la raison et la foi, c’est elle qui nous accorde ces deux moyens nous donnant accès à la voie de l’amour par excellence, une voie qui nous conduit au soin de la vie dans toutes ses expressions.

Pour ma part, écrire est donc avant tout un acte de foi cherchant à contribuer au cheminement des âmes qui cherchent la liberté réelle se trouvant dans la soumission volontaire à Dieu. La vraie liberté ne serait-elle pas la possibilité de choisir de qui et de quoi nous voulons dépendre ? Car l’indépendance totale n’existe pas, c’est un leurre. Nous dépendons toujours d’autre chose que de nous-même. Celui-là même qui croit être indépendant des autres, dépend de l’existence même de ceux dont il pense lui être d’aucune utilité car, si ces autres n’existaient pas, il n’aurait pas besoin de se sentir indépendant d’eux.

Écrire n’est donc pas pour moi l’art de savoir et d’être arrivé, mais bien d’apprendre et vouloir sans cesse progresser consciemment dans la raison d’être là.   

Comme je le disais lors de mon ouvrage précédent, le théologien et philosophe saint Augustin exprime mieux que je ne pourrais le faire, mon sentiment actuel et permanent : " J'essaie d'être parmi ceux qui écrivent en progressant et qui progressent en écrivant"

 

Le samedi 25 novembre 2017 j'écrivis :

Il me semble que c’est en écrivant d’abord à soi-même et pour soi-même que l’on peut espérer écrire pour encourager quelques autres. C’est en habillant de mots ce que mon âme parcourt et traverse dans la vie que j’espère quelque peu élargir et contribuer aux accès possibles permettant à autrui d’oser exister en accomplissant des actes de foi pensés avec amour et sens. 

Tonino D’Arcangelo

 

[1]Jacques 3.6-8 (Version Parole Vivante d’Alfred Kuen)

[2]Jacques 3.17-18 (Version Parole Vivante d’Alfred Kuen)

Copyright © Christine & Tonino - Blog Réflexions Encouragements 2018

Politique de Reproduction
Les textes du Blog Réflexions Encouragements peuvent être reproduits, en tout ou en partie, gratuitement,à  condition d'indiquer clairement la source http://christinetoninoreflexionsencouragementscom.over-blog.com, avec lien actif vers notre site. Dans le cas de la reproduction sur un support autre qu'Internet, la mention de l'adresse du Blog Réflexions Encouragements (http://christinetoninoreflexionsencourag

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :