La transformation du coeur : une éthique de conviction pour le chrétien !

Commençons par nous rappeler qu'il y a une différence entre l'éthique et le moralisme. Ces deux postures sont censées aiguiser et maintenir le goût de la morale, c'est à dire le goût à rechercher ce qui est bien, bon et juste. Mais ces deux façons d'être n'ont pas les mêmes effets sur les individus que nous sommes.

Brièvement, quelle est cette différence ?

Le moralisme est cette attitude qui consiste a toujours savoir pour l'autre, lui imposant d'appliquer certains principes moraux sans lui accorder la possibilité d'avoir un autre choix, une autre idée. Le moralisme induit une relation infantilisante et menaçante. Il porte un discours continu sur ce que doivent faire les autres pour bien faire.

L'éthique, bien que morale, est cette activité de la raison qui développe une réflexion qui donne du sens et cherche le sens à nos décisions, à nos choix, à notre volonté d'agir de telle ou telle manière dans telle ou telle circonstance. La réflexion éthique, à la différence du moralisme, éveille notre conscience à connaitre le sens de ce que nous appliquons, plutôt que de nous couvrir mécaniquement d'un sentiment de bonne conscience portée par des actions et des attitudes non réfléchies et répondant juste à une attente de bonne conduite définie par les autres.

Pour le moraliste : " C'est comme ça qu'il faut faire, que l'on a toujours fait, que l'on a toujours pensé, il n'y a pas a réfléchir autrement... En faisant ce qui est prévu ou dit de faire, nous gardons la conscience tranquille et nous ne remettons pas en question ce qui doit être impérativement fait de cette manière... "

Pour la femme et l'homme spirituel, pour celle et celui qui cherche à développer une éthique de vie : " Que dois-je faire ? Que puis-je faire ? Que vais-je faire ? Le désir sera de faire au mieux en tenant compte de tous les paramètres et de toutes les valeurs impliquées dans les choix et décisions... on ne se contente pas d'avoir la conscience tranquille, on se pose en tant que responsable de nos choix dans la vie et on évite de se cacher derrière des théories, des dogmes, derrière les autres".

Bien évidemment, à la différence d'un athée par exemple, un chrétien, s'il veut que sa démarche éthique soit en cohérence avec sa foi, ses décisions seront caractérisées par un tenir compte de facteurs bibliques et théologiques. Ses décisions éthiques passeront donc par une réflexion sur l'autorité de Dieu dans sa vie.

Une autre chose à savoir, c'est qu'il ne faut pas confondre l'éthique de conviction avec l'éthique de responsabilité.

L'éthique de responsabilité s'exerce lorsque nous devons prendre des décisions au nom d'une institution par exemple, ou encore d'un groupe, d'une communauté... L'éthique de responsabilité ne peut être menée seule, elle est développée à partir d'un groupe de responsable qui ensemble dans un commun accord vont travailler à la réflexion qui mènera à des prises de décisions soit collectives, soit individuelle au nom de ce collectif. Il arrive que de hauts responsables, à qui revient une décision importante pour leur entreprise par exemple, s'entourent d'autres personnes afin d'enrichir, de nourrir la réflexion avant la prise de décision. Nous retrouvons cet état d'esprit lorsque les apôtres prenaient en commun accord des décision au nom de l'Eglise de Jérusalem par exemple.

L'éthique de conviction est celle dont Jésus invitera régulièrement ses auditeurs et ses détracteurs à développer. L'éthique de conviction est ce travail personnel sur les valeurs, les principes, les attitudes qui vont donner sens à notre manière de vivre, d'être avec les autres et à prendre des décisions personnelles.

Lorsque Jésus dira, je ne suis pas venu abolir, mais accomplir (plêroô) la loi, le terme grec "plêroô" signifie littéralement : lui donner tout son sens. On est bien là dans l'une des fonctions de l'éthique qui est de donner le sens des principes et des attitudes a appliquer dans nos vies. Savons-nous encore pourquoi nous adhérons à telle ou telle chose, à telle ou telle idée ? Pas sûr ! Nous nous contentons parfois de dire " c'est écrit ", " c'est ainsi ", sans comprendre le pourquoi c'est écrit ou c'est ainsi. Rappelez-vous de cette histoire du poulet coupé en deux. De génération en génération, on coupait le poulet en deux sans savoir pourquoi. Une pratique qui s'était transmise alors que la raison de départ venait du fait que la casserole de l'arrière grand-mère était trop petite. Trois générations plus tard, on reproduisait le même principe alors que celui-ci n'avait plus raison d'être vu la taille des casseroles actuelles.

Alors que notre société essaie de mettre en place des règles, des lois, des principes, pour mieux vivre ensemble, ce qui évidement n'est pas à négliger dans une juste mesure, le Christ nous invite sur le plan moral à interroger les pensées et les désirs de notre cœur. Jésus exhorte et reprend les hommes sur un plan personnel car ce qui le préoccupe, c'est le péché au cœur de l'homme.

L'enseignement éthique de Jésus porte principalement sur l'attitude d'un individu dans son rapport avec son prochain avant même les principes et les lois qui devraient régir une société.

Pourquoi Jésus insiste-t-il sur une éthique de conviction, avant même le développement d'une éthique de responsabilité ?

" Parce que ce sont les individus composant une société qui doivent changer fondamentalement, c'est le cœur de l'homme qui doit être transformé et régénéré car Jésus n'est pas venu pour juger les différends entre les hommes, mais pour exhorter chaque individu à traiter son prochain avec amour et respect. "¹

Conclusion

Pour qu'une société, une institution quelle qu'elle soit, puisse changer, il faut impérativement que ceux qui la compose changent, c'est à dire qu'ils soient avant tout transformés et régénérés dans leurs cœurs. Avant de vouloir, de pouvoir ou de savoir prendre des décisions impliquant d'autres, il est impératif que nous apprenions avant tout à commencer à en prendre de bonnes pour soi-même.

Que l’éternel nous accorde la sagesse de commencer par régénérer notre cœur chaque jour afin de ne pas succomber au péché qui guette nos failles et qu'il nous accorde ainsi le discernement et la force de prendre de justes décisions et de garder une attitude bonne et respectueuse envers ceux qui nous entourent. Qu'il fasse de nous des femmes et des hommes sensés selon la sagesse de son amour et de sa justice.

Nous ne sommes pas arrivés, certes, mais nous sommes en marche si nous restons dans les voies de notre Seigneur Jésus-Christ !

Une belle aventure humaine et spirituelle ! N'est-ce pas ?

1. Daniel Arnold : "Vivre l'éthique de Dieu" aux éditions Emmaüs

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