14 Juillet 2017

Publié par D'Arcangelo Tonino

LORSQUE L'EGLISE DEVIENT UN SYSTEME ABUSIF (article 5, Déséquilibre provoqué par une objectivité et une subjectivité exagérées...)

Un manque d’équilibre dans la vie chrétienne quotidienne : une objectivité exagérée ou une subjectivité exagérée

Aujourd’hui, nous abordons le cinquième et dernier point de notre premier axe portant sur les dictas qui élaborent les systèmes religieux abusifs avant d’aborder prochainement un deuxième axe un peu plus court portant sur les fonctionnements qui empêchent d’en sortir.

David Johnson et Jeff Von Vonderen nous rappellent que cette tangente se manifeste sous deux aspects : « Une objectivité exagérée et une subjectivité exagérée ».

Une objectivité exagérée

Un système religieux devient abusif dès que dans son fonctionnement on élève toute vérité objective en excluant, voire même dénigrant, les expériences subjectives valides.

Il faut entendre, ici, par objectivité, toute proposition de vérité comme étant vérifiable et identifiable, par tous, par des éléments extérieurs à soi. Les réponses à la vérité peuvent être élaborée que si le sujet à une distance avec lui-même (avec ses idées personnelles, ses croyances, ses expériences …). L’interprétation de la vérité est extérieure à soi. Ce qui n’empêche pas de la considérer pour vrai et d’en tenir compte.

Entendons par subjectivité, toute proposition de vérité qui contrairement à l’objectivité, permet à son auteur d’exprimer ses idées personnelles. Est subjectif ce qui dépend de moi ou d’un point de vue particulier. Un jugement est subjectif s’il reflète les passions, les ressentis, les préjugés et les choix personnels d’un sujet.

Dans les situations ou l’objectivité est exagérée, l’action du Saint-Esprit est, en effet, reconnue en théorie, puisque les écritures en parle, mais ignorée et rejetée quand elle concerne les évènements pratiques expérimentés par ses membres. Ou encore, ce que la personne vit et ressent en elle, c’est-à-dire : sa réalité subjective, peut être considérée comme étant une faute ou moralement indigne si celle-ci s’oppose à une certaine théorie des écritures reconnues intellectuellement comme Vérité. Bien souvent, le problème rencontré dans ces systèmes, c’est la confusion entre la persuasion imposée illusoire et la conviction intime réelle.

Dernièrement une personne m’avoua se sentir indigne parce qu’elle avait peur de la mort. Certaines personnes de son entourage proclamaient qu’un vrai chrétien était libérés de la mort et ne devaient plus en avoir peur puisque les écritures nous disent en Hébreux 2.14-15, Marc 5.36 et Psaumes 23.4 : « Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est à dire le diable, et qu'il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude. » ; « Mais Jésus, sans tenir compte de ces paroles, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement. » ; « Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. ».

Ce genre de textes étant enseignés comme un manuel théorique, une vérité théologique ne pouvant faire l’objet d’aucune réflexion autre qu’une lecture et une application littérale, lorsqu’ils sont professés sans tenir compte de la part subjective des écrivains bibliques et de nos contemporains, ces prédicateurs commettent des homicides spirituels, ravageurs et destructeurs en voulant les appliquer par un copier-coller dans la vie des gens.

Nous avons vu lors des articles précédents que c’est un changement intérieur opéré par l’Esprit de Dieu qui conduit à une attitude extérieure et pas l’inverse. Notre attitude devient le prolongement d’une véritable vie spirituelle et non le résultat d’une vie conforme à ce que le moralisme et le moraliste chrétien attend de nous. La morale biblique appliquée découle d’une relation intime avec Dieu et non d’une injonction par des autorités-pouvoir ecclésiastiques.

Dès lors, par un excès d’objectivité, l’autorité et le développement spirituel ne s’acquiert plus que, et ne se transmet plus que, par l’éducation et l’instruction, c’est-à-dire exclusivement (ou presque), que part les capacités intellectuelles. L’intimité avec Dieu, ainsi qu’une libre obéissance et une sensibilité à son Esprit est difficilement envisageable et encore moins discutable. Surtout quand les responsables de ces systèmes sont exaltés et qu’ils mettent en avant leurs connaissances théologiques pour appuyer leur pseudo-autorité acquise par un intellectualisme mal-placé… Ce mettant ainsi en opposition avec l’agir éthique du Christ proclamant, dans ce qui a été appelé le sermon sur la montagne, « «Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient!» (Matthieu 5.3).

J’aime, je m’intéresse et j’étudie continuellement la théologie entre-autre, mais cela ne garantit en rien une autorité spirituelle plus importante qu’une personne ayant 50 ans d’expérience avec le Seigneur par exemple. Mais l’inverse est tout aussi vrai. L’autorité de Dieu ne se gagne pas, mais s’identifie comme une grâce accordée par Dieu et reconnue par son peuple pour les véritables fruits et dons de l’Esprit faisant preuve.

Ajoutons ici, qu’un responsable n’a pas forcément une autorité spirituelle dans toutes les domaines de l’église, il est très probable que celle-ci soit limitée. Il arrive bien souvent d’entendre dire : « en ce qui concerne l’enseignement, magnifique ! Mais en ce qui concerne son approche relationnelle avec les autres ce n’est pas ça ! » Ou l’inverse, ou autre. Ce qui revient à comprendre l’importance des différents ministères et des différentes autorités spirituelles réelles et non acquises par un pouvoir organisationnel. L’autorité spirituelle agréée par Dieu est bien plus cohérente et bien plus porteuse que toute organisation humaine, aussi bien gérée soit-elle.

Un système abusif exagérant dans l’objectivité va, par son radicalisme, se mettre en opposition avec les Ecritures et avec l’Esprit de Dieu, puisqu’il va limiter l’action de Dieu en ne reconnaissant uniquement, je dis bien uniquement, que ce qui peut être expliqué avec des éléments extérieurs, à soi, identifiable pour tous. La singularité a très peu de place, voire pas du tout. Nous devons tous voir et penser les mêmes choses, puisqu’elles sont identifiables, déterminables et identiques pour tous. Ils pourraient transmettre leur message comme suite : "Il est écrit ceci, donc ce que tu ressens doit être refoulé et inconsidéré". Il place donc Dieu dans une boite, dans une partie du cerveau humain et l’homme n’est plus qu’un homme parmi les humains, sa singularité est bafouée.

Par le passé, beaucoup croyaient que l’on pouvait contenir Dieu dans des temples, dans des briques, dans des murs et ainsi déterminer, limiter et contrôler son accès aux autres. Aujourd’hui, l’intention est identique quand certains veulent le contenir dans leurs neurones. Cela est une fois de plus une dérive d’un esprit voulant tout contrôler, les autres et même Dieu. C’est encore être, une fois de plus, sur cette pente raide qui conduit à une misère spirituelle et à une autorité-pouvoir abusive.

Ces systèmes abusifs finissent bien souvent par interpréter toute la bible à la lettre et développe une vie religieuse basée que sur des doctrines, des règles, des principes ne pouvant jamais être remis en question quant au sens de leur application. "La vérité c’est ça, un point c’est tout," disent-ils. C’est comme ça que des interprétations bibliques deviennent des armes de destructions psychiques massives, lorsque toute une assemblée et sous le contrôle d’un tel fonctionnement. Privé de leur liberté de penser, de réfléchir, de méditer, de questionner, les membres se voient enfermer dans des schémas de vie religieuse abusive et exploitante.

Une subjectivité exagérée

Si une extrême objectivité conduit à un système abusif, la deuxième dimension qui permet à l’homme d’entrer en relation avec le monde n’est pas épargnée non plus. La subjectivité, n’échappe pas non plus au système abusif lorsqu’elle est jointe à l’exagération.

A l’autre extrême, se trouvent les gens pour qui la vie chrétienne n’est que subjectivité. Ils jugent ce qui est digne de foi sur base de leurs sentiments et expériences, leurs accordant plus de poids que les déclarations contenues dans la bible. Ils vont même jusqu'à interpréter les écritures à partir de leur sphère personnelle sans se soucier du texte dans son contexte.

Dans ce type de structure, l’individu ne peut comprendre la bible si, elle n’a d’abord pas été révélée à un responsable. Les révélations du Seigneur passent par une certaine hiérarchie et sont ensuite transmises aux individus ; Si vous recevez une direction différente à la « parole inspirée » (ou la vision inspirée) des dirigeants qui, auraient soi-disant reçu une vision pour vous, vous êtes maudit et ainsi écarté de leur considération. Ils vous transmettent en même temps, en tous cas ils tentent, de vous transmettre un sentiment de culpabilité. Attention, c’est parfois plus fin et exprimé de façon sous entendue (voir article 4).

Un enseignement porté par l’exagération subjective peut conduire aussi à ce que des électrons libres, refusant toutes autorités, ou encore, considérant leur point de vue comme étant celui de Dieu qui leur a été révélé, puissent produire des dégâts psychiques, abusant de leur fausse autorité spirituelle, lorsque leur soi-disant révélations personnelles imposées et partagées aux autres ne sont que le produit de leur imagination émotionnelle. A ce sujet, n’hésitez pas à lire ma douloureuse expérience vécue et relatée dans l’article intitulé : « Vigilance et méfiance : Prophètes et prophéties ! ».

Il est arrivé un jour, à un couple d’amis proche, sans qu’ils s’y attendent, de subir les foudres d’un couple pastoral, uniquement parce qu’ils décidèrent, son épouse et lui, de prendre une orientation qui ne leur convenait pas. Alors que pour mes amis, tout était simple et clair, ils découvrirent subitement cet arrière-plan, bien caché. Les réels intérêts et la réelle considération que l’on pouvait avoir à leur égard, émergeait. Même si cela s’est fait sur le coup de l’émotion, même si ce couple pastoral part avec de bonnes intentions quand ils cherchent à servir le Seigneur, il n’empêche que leur fonctionnement abusif et contrôlant (inconscient), s’est révélé au travers de leurs dires et de leurs réactions.

Dans ces systèmes, on vous aide, on vous soutien, on soutien votre ministère uniquement par intérêt, mais dès que vous prenez une autre direction que celle qu’ils avaient prévu pour vous, les ponts relationnels sont coupés. Vous avez beau faire un premier pas, puis un second, rien ne se rétablit. On vous ignore ou on fait semblant de vous accueillir. On fini par vous tolérer et surtout vous écarter de toute proximité possible. Dans certaines situations extrêmes, le message sous-entendu est : « Je te considère, donc, pense et fais comme nous ou je te jette car tu seras un obstacle à notre église-entreprise ». Dès lors, vous êtes considéré comme objet de désir et d’intérêts pour l’autre et non comme sujet à part entière, libre de décisions et d’actions.

Généralement, ce fonctionnement se répète de façon régulière et l’on constate ainsi, dans ces assemblées un grand mouvement d’entrées-sorties. Beaucoup de personnes entrent dans ces systèmes, attirés par de bonnes choses en présence, parfois bien réelles, mais n’y restant pas puisque le système est atteint d’un reflux. L’espoir qui règne, c’est qu’il suffirait, pour un bon nombre de ces assemblées, pour que leur assemblée devienne saine et stable dans la durée, une prise de conscience de leur fonctionnement grippé, une reconnaissance de leur état de santé spirituelle réelle et oser y remédier. C’est ce que la bible appelle la repentance et la conversion. Reconnaitre là où nous servons le mal, faire demi-tour et ainsi prendre la bonne direction. Ici, les termes et les mots religieux prennent un sens pratique et spirituel.

Je crois que Dieu parle encore aujourd’hui au moyen d’une « parole de sagesse » et de « connaissance » données aux hommes et aux femmes, apportée et délivrée par des hommes et des femmes sensibles à l’Esprit-Saint, mais elles n’occupent pas le même niveau d’autorité que celles de Paul, Pierre, Jacques ou Jean qui eux-mêmes soumettaient leurs paroles à l’enseignement de Christ.

Un dernier point, ceux qui ont une approche extrémiste subjective vous diront et soutiendront que les études, la théologie, l’éducation et la formation spirituelle, la réflexion, tout cela ne sert à rien puisque nous avons l’Esprit en nous. Certains en sont si fiers, qu’ils regardent avec dédains tous ceux qui s’y attardent.

Ils vous diront : « Après tout, Pierre et Timothée n’ont reçu aucune éducation, aucune formation spirituelle, ils n’ont été dans aucune école ou université biblique, ils n’ont étudié dans aucun séminaire… Nous avons là, la démonstration que leur compréhension et leur interprétation est totalement excessive, puisqu’elle est détachée totalement du contexte historique et spirituel de l’époque des écrivains bibliques.

Voici ce que nous rappellent les pasteurs David Jonhson et Jeff Von Vonderen : « En vérité, Pierre a justement été dans un séminaire où la vérité objective et expérience subjective lui ont été enseignées… par Jésus. Le professeur de Timothée était l’apôtre Paul. A leur époque, dans la culture juive, on communiquait l’enseignement par la méthode rabbinique, c’est-à-dire que l’étudiant vivait avec son enseignant, son mentor spirituel. Le cours de disciple a duré trois ans pour Pierre (à temps plein). Quant à Timothée, il continuait à recevoir de la formation par correspondance, même après qu’il ait été en charge d’une église. »

« Dans sa deuxième lettre Paul lui écrit : Efforce toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir , qui dispense droitement la parole de vérité ».

C’est une bonne chose que d’étudier la parole, c’est même indispensable pour le peuple que certains s’y attachent plus profondément que d’autres, mais il faut que nous acquérons également des outils fiables et efficaces pour pouvoir l’utiliser correctement. Aspirons à ce que l’Esprit renouvelle nos intelligences.

Soyez vigilants et méfiez-vous de ceux qui vous disent de ne pas vous attarder à l’étude de la Bible, ou encore de ne vous ouvrir qu’à tel type d’école biblique, qu’à telle ou telle dénomination, sous la couverture d’une soi-disant lumière supérieure venant du Saint-Esprit. C’est la meilleure façon d’être pris au piège et de vous laisser dominer et contrôler par des responsables voulant enseigner les autres, mais ne se laissant eux-mêmes enseigner par personne, si ce n’est que leur subjectivité seule, et tout ça à cause de leur perception limitée de la réalité. « Comment un aveugle peut-il conduire un aveugle ? », demandera Jésus. (Luc 6.39).

Là, où la parole ne peut circuler et être réfléchie ensemble, se trouve un terrain fertile pour développer un système religieux abusif. Maintenez votre vigilance par une attention accrue à ces différents symptômes identifiant un certain danger pour votre vie et croissance spirituelle.

Finalement, on peut se dire que l’équilibre entre ces deux extrêmes n’est pas toujours facile à trouver, et c’est vrai. Mais je dirais, tant mieux peut-être, car cela nous oblige à développer une pensée collective renouvelée par l’Esprit. Ce qui est un des éléments indispensables pour qu’une assemblée maintienne un environnement sain et que chaque individu garde un esprit éclairé et ouvert à ce que Dieu puisse encore parler.

Dans notre prochaine article, nous parlerons de certaines caractéristiques de ces systèmes religieux abusifs qui font en sorte de rendre difficile pour les gens d’en sortir.

Si vous pensez que ces articles sont importants pour certaines personnes en danger, pris dans des fonctionnements malsains, ou si encore vous pensez qu’ils peuvent être utile à la prévention de ceux qui vous entourent, n’hésitez pas à les partager, mais priez aussi pour que cela soit fait avec sagesse car le but n’est pas de jouer au chasseur de prime spirituel, de dénoncer pour dénoncer, comme cela se voit trop fréquemment sur les réseaux sociaux, mais pour prendre soin du corps de Christ et surtout de ceux qui le constitue. L’exhortation ne peut se faire qu’avec la volonté de prendre soin de nos églises locales, aussi malades soient-elles. Mon objectif n’est pas de les euthanasier spirituellement, mais bien de me laisser travailler à la restauration, à la guérison des blessures et à la résurrection spirituelle de mon âme et de celles de mes frères et sœurs en Christ. Ceci par l’œuvre que Christ accomplit encore aujourd’hui, lorsque son Esprit et ses pensées sont méditées en profondeur.

Je crois que Dieu a donné à toutes personnes nées de nouveau la même intelligence pour être capable d’apprendre à reconnaître en soi ce qui doit être accepté et changé pour suivre sa vérité. Nous n’avons aucunement la puissance de convaincre, seul l’Esprit peut réellement le faire.

Surtout n’oublions pas de prier et de soutenir nos dirigeants qui ont cette tâche difficile et combien importante de garder l’équilibre au sein de nos assemblées. Qu’ils soient honorés de notre reconnaissance lorsqu’ils accomplissent leur fonction avec amour, avec justesse et justice.

« Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. » Ephésiens 6.12

Laissons-nous enseigner en méditant sa parole et restant sensible à son Esprit !

Tonino D.

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