15 Juillet 2017

Publié par D'Arcangelo Tonino

QUAND L'EGLISE DEVIENT UN SYSTEME ABUSIF (article 6, deuxième axe...Cractéristiques de ce qui empêche d'en sortir) )

Première caractéristique de ces systèmes religieux abusifs qui font en sorte de rendre difficile pour les gens d’en sortir: La paranoïa

Nous abordons notre deuxième et dernier axe : Apprendre à repérer l’élaboration d’un discours malsain participant à la mise en place d’une organisation qui empêche les gens de sortir de cette dynamique abusive.

Pour cela, nous aborderons trois points : la paranoïa, une loyauté déviée, en secret. Trois points que vous retrouvez dans les travaux des pasteurs David Johnson et Jeff Von Vonderen dans leur ouvrage très instructif et intéressant, intitulé : Le pouvoir subtil de l’abus spirituel.

Les accomplissements religieux sont parfois très attirants pour ceux qui regardent de l’extérieur. Ce que l’on voit en premier lieu, c’est que l’on y fait des choses tellement belles et tellement mises en lumière ; qu’en tant que chrétien, reconnaissant l’importance de ces œuvres réalisées, on ne peut qu’adhérer, en tous cas dans un premier temps. Et puis, pense-t-on, toutes ces œuvres ne peuvent être que le résultat d’un Dieu bénissant cette assemblée, les fruits sont là. C’est bien souvent là le problème de notre discernement. Le résultat, l’accomplissement d’une œuvre, aussi belle et juste soit son apparence, ne veut pas dire qu’elle soit bâtie sur les bons fondements.

Bien évidemment, je ne veux pas lutter et m’opposer à ce qui se fait de bien et d’autant plus lorsque cela peut avoir esthétiquement parlant, une belle apparence. J’aime aussi ce qui est bien et beau, deux valeurs importantes dans le plaisir de vivre. Mais ce que je veux aborder, c’est le fait que ce nous voyons extérieurement avec les yeux ne reflètent pas forcément ce que nous pouvons découvrir en regardant de l’intérieur.

En effet, si dans une église, la loi du silence règne subtilement par ces messages sous-entendus (voir article précédent) , l’accès à toutes informations et la réalité de ce qui s’y vit au cœur de cette assemblée n’apparait pas. C’est comme un iceberg, c’est la partie cachée qui soutient et rend possible la partie visible.

A quel prix y sont-ils y arrivés ? Au prix d’un engagement intimement libre et volontaire ou aux prix de la peur d’une pseudo-colère de Dieu ? Est-ce le fruit de sacrifices et d’offrandes d’un amour libre et consentant des membres ou est-ce le résultat d’une manœuvre habile instaurant une dépendance contraignante et aveuglante ?

La question éthique est celle-ci : Quand est-ce que nos projets d’évangélisations et d’implantations d’églises passent de la communion à l’exploitation psychique humaine ? Peut-on réaliser de bonnes choses à n’importe quel prix ? Peut-on négliger et déconsidérer la vie psychique de nos membres, sous prétexte de réaliser la volonté de Dieu? Suffit-il d’être convaincu de faire la volonté de Dieu pour désinvestir et éclipser l’humanité qui est en chaque individu ? Car, lorsque nous ne voyons plus que le résultat et les œuvres, nous prenons le risque de déshumaniser ceux qui nous entourent et de les exploiter à notre fin. C’est tout l’inverse de l’approche de Dieu avec notre humanité.

Posons-nous la question suivante : quel intérêt y-a-t-il aux yeux de Dieu pour prendre autant de temps à réaliser et finaliser son œuvre sur la terre ?

Que nous dit sa parole : « Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » (2 Pierre 3.9)

Spirituellement parlant, dans son agir éthique, Dieu déclare que son œuvre est au service de l’humain et non l’humain au service de son œuvre. L’accomplissement de son œuvre n’est pas prioritaire au salut et au soin spirituel de l’homme. Dieu prend le temps qu'il faut, surtout quand le temps devient un élément de soin pour son humanité. Il ne réalise pas son œuvre à n’importe quel prix et de n’importe quelle façon. Par contre, Dieu cherche des humains s’adonnant librement à son service à l’accomplissement des œuvres qu’il a déjà prévu par avance (Ephésiens 2.10). Distinguer ces différences engendre une atmosphère et une approche relationnelle bien différente entre responsables et membres de l’église.

Relevons quelques points identifiables qui caractérisent un système religieux bâtissant des remparts et des forteresses enfermant les individus plutôt que de les libérer.

La paranoïa

Un sentiment habite les familles et les églises abusives. L’impression que personne ne pourra jamais comprendre ce qu’ils vivent les habite, et donc, ils leur semblent préférable de ne rien dire, pensant ainsi éviter d’être ridiculisé et persécuté. Le fait est qu’ils se persuadent d’être plus éclairés par l’Esprit que les autres et que ce n’est qu’en se joignant à eux que les autres comprendront ce qu’ils disent, ce qu’ils connaissent et ce qu’ils font.

Partout où l’autorité est imposée, au lieu d’être simplement démontrée, on fait appel au complexe de persécution pour que tout demeure caché. Ceux en dehors de leur cercle privé, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent pas saisir ce qu’ils pensent saisir de façon particulière, sont considérés comme dangereux, non spirituels, pire encore ils ne sont pas nés de nouveau ou pas baptisés du Saint-Esprit (même s’ils sont des chrétiens nés de nouveau de longues dates). Ils seront considérés comme un risque potentiel d’affaiblissement et considérés comme démolisseurs de l’œuvre du seigneur même si en vérité ils sont un obstacle aux œuvres personnelles motivées par une gloire humaine et charnelle des responsables.

Cette mentalité pousse à ériger un énorme rempart à l’intérieur duquel les propagateurs d’abus sont protégés de tout soupçon et de toute remise en cause puisque les gens du dehors sont inaptes à poser un jugement sur ce qu’ils vivent. Ces responsables ne répondent et ne rendent de compte à personne. Ce qui empêchent les gens de sortir de ce système de pensée, de ce milieu, car s’ils pensaient différemment, s’ils s’ouvraient à une réflexion autre que celle imposée par les leaders, ils se verraient eux-aussi considérés comme étant du dehors et ceux du dehors ont suffisamment été pointés comme étant dans l’erreur et l’ignorance pour ne pas oser se différencier par peur d’être perdu ou d’offenser Dieu. Ce qui bien sûr est un pur mensonge et une manipulation mentale puissante. Le seul endroit où l’on communique et que l’on peut trouver les choses crédibles c’est à l’intérieur du système. A l’extérieur, tout est danger et mauvais, disent-ils ! Ce qui conduit des chrétiens à non plus se préserver du mal dans ce monde , mais de fuir le monde, donc fuir la réalité, il n’est donc pas étonnant de retrouver des personnes fréquentant ces systèmes aux frontières de la psychose. Je connais personnellement une personne qui ayant vécu dans ce type de système religieux abusif a fini en hôpital psychiatrique. Certainement qu’il avait une structure psychique plus fragile que les autres, mais il n’empêche, qu'en parlant avec lui, je crois fortement que ce système l’a fait basculer dans son monde complètement irréel. J’en connais un autre qui lui, cours de prophétie en prophétie, construisant son histoire dans un monde imaginaire et se persuadant qu’il est dans la volonté de Dieu. Ce qu’il vit, ne peut être expliqué que par son système de pensée et vous avez beau essayer d’ouvrir un peu la réflexion, c’est impossible, ce qui vient de l’extérieur est l’œuvre du Malin. Le pire, c’est qu’il se sent rejeté et persécuté par les autres chrétiens sans qu’il se rende compte qu’il s’éjecte lui-même de toutes relations avec d’autres chrétiens, tout simplement parce qu’il ne peut entendre une vérité en dehors de sa vérité construite derrière cet énorme rempart.

Assez curieusement, le Christ, comme l’apôtre Paul mettra l’église en garde contre les dangers venant de l’intérieur de l’église. Le pire danger pour le troupeau, ce sont les loups dans la bergerie (Matthieu 10.16 et Actes 20.29-30). Les loups sont, ici, ces pensées et ces esprits trompeurs, aliénants l’homme dans des fonctionnements qui le rend mentalement malade et esclave de lui-même. Lorsque vos pensées vous conduisent à ne plus croire que vous-même, que vos propres interprétations du monde et de l’action de Dieu, lorsque vous n’avez plus aucun espace pour vous ouvrir vers le monde extérieur à vous-même, aussi fidèle que vous soyez dans votre foi envers Dieu, restez vigilants et analysez votre système de pensée ou celui par lequel vous êtes alimenté.

Vous comprenez bien, que je ne vous dis pas de vous ouvrir à toutes pensées et à toutes idées. Si vous avez lu les articles précédents, vous saisissez l’idée centrale qui n’est pas de sortir d’un extrême pour en retrouver un autre. Ce qui, malheureusement, arrive bien souvent par réaction, par peur pour ceux qui ont réussi à s’extirper d’un milieu malsain pour eux.

« Non seulement cette paranoïa spiritualisée empêche les gens de quitter le milieu abusif, mais il les empêche aussi d’aller chercher l’aide dont ils ont besoin. »

C’est par cette ambiance paranoïaque que des personnes se sont fermées à un point tel, qu’ils n’ont plus osé demander de l’aide à des gens compétents, que ce soit d’un point de vue médical, social, psychologique, spirituel … avec pour conséquence un isolement et une dégradation de leur vie sociale et familiale, ainsi que de leur santé mentale et spirituelle.

Prochainement, nous terminerons notre série d’articles sur le sujet en abordant les points suivants : « une loyauté déviée » et « en secret ».

Soyez bénis et que l’Eternel-Dieu nous aide à discerner les vrais dangers des peurs construites par les fonctionnements paranoïaques.

Tonino D.

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