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Publié par D'Arcangelo Tonino

05 Accomplir ce qui est juste !  MATTHIEU 3.13-17 (DEUXIEME PARTIE)

Si vous lisez pour la première fois un article dans cette rubrique " L'Agir éthique et enseignement du Christ ", il est important que vous lisiez l'introduction " à savoir ",  explicitant l'esprit et l'objectif avec lesquels aborder ces articles mais aussi l'article "Avant propos".

Après avoir pris le temps de contextualiser quelque peu ce passage de Matthieu 3.13-17 (voir première partie), avant d’entrer au cœur même du texte qui nous occupe et tenter de vous partager ce qui m'a particulièrement interpellé dans l'attitude du Christ, j'aimerais m’attarder sur la notion de roi. Car le Messie des messies attendu était aussi le Roi des rois attendu par Israël.


" Mais  quel est donc le rôle d'un roi, qu'attend le peuple de celui-ci, quelle fonction occupait-il dans la représentation collective, de quelle nature pouvait être le lien entre le roi et son peuple ? " 


Lorsque l’on regarde l’histoire d’Israël, on pourrait répondre partiellement de la façon suivante :  un roi est un leader, un meneur d’hommes qui est là pour assurer et rassurer son peuple face à la menace ennemie. Un roi est respecté, quand il est capable de triompher de ceux-ci. Un roi était avant-tout, dans la pensée des hommes, un espoir, bien que très fragile, une force éphémère et illusoire, capable de délivrer son peuple des ennemis et de lui offrir la liberté.


Le prophète Samuel, quelques siècles auparavant, attristé de voir le peuple réclamer un roi pour régner sur eux, fera une mise en garde quant à cette option.


"Samuel dit toutes les paroles du SEIGNEUR au peuple qui lui demandait un roi. Il dit : Voici les droits du roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils et il les affectera à ses chars et à ses attelages, ils iront devant son char comme gardes du corps ; il les nommera chefs de mille ou chefs de cinquante, il leur fera labourer ses terres, récolter sa moisson, fabriquer ses armes et l’équipement de ses chars. Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères. Il prendra le meilleur de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers et il le donnera aux gens de sa cour. Il prendra la dîme de vos semailles et de vos vendanges, et il la donnera à ses hauts fonctionnaires et aux gens de sa cour. Il prendra les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos jeunes gens, et vos ânes, et il s’en servira pour ses travaux. Il prendra la dîme de votre petit bétail. Ainsi vous deviendrez ses esclaves. Ce jour-là vous crierez contre le roi que vous vous serez choisi, mais ce jour-là le SEIGNEUR ne vous répondra pas ! Le peuple refusa d’écouter Samuel. Tant pis ! dirent-ils ; il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme toutes les nations ; notre roi sera notre juge, il conduira nos armées et mènera nos guerres. Samuel entendit toutes les paroles du peuple et les dit en présence du SEIGNEUR. Le SEIGNEUR dit à Samuel : Écoute-les : tu leur donneras un roi. Et Samuel dit aux hommes d’Israël : Allez-vous-en, chacun dans sa ville."
Premier livre de Samuel 8:10-22 (Version NBS)

A son époque, le prophète Samuel rappelle que le choix d'être gouverné par un roi était prendre le risque d'amplifier l'asservissement du peuple par un homme qui détiendrait à lui seul un grand pouvoir de décision. Perdre la liberté et la paix ne serait plus uniquement une menace externe, mais elle  deviendrait également une menace interne pour le peuple. La tentation de confondre le pouvoir et l’autorité et la tentation pour un roi d’abuser de son statut devenait une réalité constante.  La tentation d’étendre son pouvoir personnel sur les autres plutôt que de se préoccuper du règne de Dieu, serait forte et inévitable pour celui-ci, parfois trop forte pour pouvoir y résister. La lutte entre l’orgueil et l’humilité, entre servir et se servir, entre dominer pour les autres et dominer les autres, risquait donc d’être intense et de porter conséquence à la nation.


" Tant pis ! dirent-ils ; il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme toutes les nations ; notre roi sera notre juge, il conduira nos armées et mènera nos guerres." 


Certainement considéraient-ils plus facile et  plus rassurant de suivre un roi, un leader dont on lui attribuait le rôle de délivrer, de protéger de l’oppresseur et d’assurer les intérêts du pays, plutôt que de faire confiance à un Dieu invisible dont la promesse de bénédictions était liée à un engagement moral et spirituel ? La confusion entre acquérir le pays promis par la main de Dieu et le conquérir par la main des hommes s'intensifiait une fois de plus. En tous cas, la volonté d'être dirigé par les intentions de la chair plutôt que par les intentions de l'Eternel-Dieu était leur choix. Malgré la tristesse de Samuel, Dieu laissa la liberté au peuple d'expérimenter cette voie. Dans leur propre volonté de se libérer des volontés de l'Eternel-Dieu, ils choisirent d'être asservis par la volonté et les intérêts propres d'un homme élevé au statut de roi.

Rechercher la facilité pour nos vies par des solutions rapides aux apparences trompeuses peuvent parfois nous conduire à la privation d'une certaine liberté, en produisant l'effet contraire à l’intention recherchée. C'est un risque que nous courrons tous dans différents domaines de notre vie car, nous pouvons faire des choix dans l'intention de nous libérer d'un joug et finalement nous retrouver encore moins libre que notre situation initiale. Notre société nous offre tant de facilités permettant d'acquérir des choses présentées comme indispensables et libérantes et finalement nous compliquer bien plus l'existence, jusqu'à parfois nous asservir.


J'y vois quelques similitudes avec l'attente vécue par la nation d’Israël au temps de Samuel ainsi qu'au temps du Christ. L’espoir du peuple reposait sur l’émergence de quelqu’un de fort, qui imposerait le droit divin. Ils entrevoyaient la venue d'un roi, d'un messie conquérant, qui commencerait par récupérer le territoire d’Israël en renversant le pouvoir romain et assujettir tous les hommes à la loi mosaïque car, pour tout juif, elle garantissait la véritable justice et le véritable code moral à suivre.

« Il n’y a qu’une seule véritable loi, comme il n’y a qu’un seul Dieu » était une conviction gravée dans la pensée collective d’Israël. Le Messie sera un homme politique fort, avec des compétences en stratégies militaires dépassant les stratèges des autres nations. Puisque le monde fonctionne ainsi, c’est ainsi que sera le Messie et c’est un tel homme que nous avons besoin à la tête d’Israël. On peut facilement imaginer que la pensée dominante d'une grande partie du peuple était nourrie par cette espérance du Messie à venir et qu’il pouvait être difficile dans ces circonstances politiques de l’imaginer autrement.


Quel contraste avec la vie de cet homme appelé YESHOUA, quel contraste avec les pensées de cet homme enseignant la loi de Dieu d’une tout autre façon, quel contraste avec les attitudes de cet homme qui évite d’intervenir sur le plan politique et militaire, quel contraste avec leur représentation du Messie attendu.... 


Par une partie du peuple, il sera reconnu plus tard comme un grand conteur, mais il n’était pas le seul, reconnu comme un guérisseur (un grand médecin), mais il n’était pas le seul, reconnu comme un prophète, mais il n’était pas le seul, reconnu comme un maître dans l’enseignement, mais il n’était pas le seul, il n’était pas le seul à bénéficier de ces reconnaissances. Ce ne sont pas ces titres, ces reconnaissances statutaires qui fait pour moi de Jésus un être singulier hors du commun, ce qui fait de Jésus un être à part, ce n’est pas d’avoir acquis un statut reconnu aux yeux des hommes, de la société religieuse ou laïque, mais c’est d’avoir accompli sa fonction, son appel, sa mission avec, à la fois, tant d’humanité et tant de divinité. 


Nous verrons la fois prochaine que nous pouvons mettre en lien l'attitude et la réponse de Jésus à Jean-Baptiste avec ce que nous venons d'évoquer.


Pour clôturer cet article, laissons nous interpeller par quelques questions et réflexions pouvant être relevées ici.


Comment une organisation humaine peut-elle rester fidèle et juste ? Si le pouvoir et l'autorité donnés à quelques hommes laissent un risque, comment éviter les dérives ou du moins les repérer et y remédier ? Questions que peut se poser tout type d'institution.


Faisant écho en moi, je trouve une première partie de réponse dans le passage de 1 Samuel 8.10-22. C'est l'importance d'un assainissement dans les intentions et des moyens que peut utiliser un leader, un responsable, un chef, un pasteur, un responsable de famille pour atteindre les objectifs fixés au nom de l'institution dont il est garant. En terme plus simple, l'importance d'avoir des leaders au service des intérêts communs avant les intérêts de gloire personnelle.


Une deuxième partie de réponse, serait de ne pas se dédouaner de nos responsabilités et de ne pas compter uniquement sur le charisme ou les compétences d'un ou des leaders. Le charisme et la compétence ne suffisent pas. Construire, bâtir, développer une institution, une société, une famille, comme participer à l'édification des églises, c'est l'affaire de tous, nous sommes tous concernés.  Nous avons tous une part de responsabilité dans toutes organisations à laquelle nous appartenons ou adhérons. Cependant,  il faut malgré tout reconnaitre que s'il y a des responsabilités communes, il y a aussi des responsabilités personnelles et particulières liées à la fonction que nous occupons.


Dernier élément de réflexion, toujours dans ce même passage, nous voyons que Dieu nous laisse libre de choisir de qui ou de quoi nous voulons être dépendant, tout simplement parce que l'homme ne peut être totalement autonome, il doit dépendre et s'appuyer sur autre que lui. Nous avons tous les jours des choix à faire et parfois des choix qui nous lient dans la durée, je nous encourage à prendre le temps de choisir, quand nous le pouvons, de qui ou de quoi nous voulons rester dépendant. Pouvoir déterminer les principes et les valeurs que nous voulons préserver me semble capital pour pouvoir faire un véritable choix libérant.


Bien évidemment, en tant que chrétien nous avons tous le désir réel de vouloir choisir et faire la volonté de Dieu, mais dans certaines circonstances, c'est une autre affaire que de pouvoir déterminer quelle est sa volonté et comment l’appliquer avec justesse.


 à suivre

Tonino D.
 

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