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Publié par D'Arcangelo Tonino

04 Accomplir ce qui est juste  Matthieu 3.13-17 (première partie)

Si vous lisez pour la première fois un article dans cette rubrique " L'Agir éthique et enseignement du Christ ", il est important que vous lisiez l'introduction " à savoir ",  explicitant l'esprit et l'objectif avec lesquels aborder ces articles mais aussi l'article "Avant propos".

J’aimerais commencer avec vous ce voyage, ce partage d’idées et de pensées que m’inspire cette quête de sens à laquelle nous convoque le Christ au travers des évangiles en nous arrêtant un instant en Matthieu 3.13-17

"Alors Jésus arrive de Galilée au Jourdain, vers Jean, pour recevoir de lui le baptême. Mais Jean sy opposait en disant : Cest moi qui ai besoin de recevoir de toi le baptême, et cest toi qui viens à moi ! Jésus lui répondit : Laisse faire maintenant, car il convient quainsi nous accomplissions toute justice. Alors il le laissa faire. Aussitôt baptisé, Jésus remonta de leau. Alors les cieux souvrirent pour lui, il vit lEsprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et une voix retentit des cieux : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; c’est en lui que jai pris plaisir."

Selon Matthieu 3:13-17 (Version NBS)

Une des premières questions à laquelle nous essaierons de trouver quelques pistes de réponse et développer notre questionnement est celle-ci : « Pourquoi avons nous besoin d’une certaine justesse à nos actes pour accomplir toute justice ? ».  Sous un autre angle, « Comment puis-je accomplir ce qui me semble juste en me souciant de la manière dont je vais réaliser cette accomplissement ? »  

Cette question n’est pas sans importance. Que ce soit au sein des foyers, sur les lieux de travail, dans les différentes sphères de nos vies sociales, il y a des règles et des principes parfois officiels, parfois officieux. Mais il y a aussi nos références morales qui viennent s’ajouter par dessus le cadre institutionnel, organisationnel et légal. Être juste peut recouvrir à la fois le respect d’une règle, d’une loi, d’un principe, mais cela peut aussi recouvrir nos agissements en accord avec nos valeurs morales et spirituelles. Parfois ces deux cadres de justice se combinent à merveille, parfois ils s’opposent et nous devons faire le choix d’en sacrifier l’un au profit de l’autre. De plus vient s’ajouter nos intentions, nos désirs, nos projets, nos connaissances et nos points de vue, etc. C’est alors que viennent régulièrement se confronter les perceptions des uns et des autres sur les droits et les devoirs de chacun.

Si accomplir toute justice est une volonté profonde, en tant que chrétien, il serait fortement tentant de croire, à tort me semble-t-il, que dans toutes les situations il serait aisé de savoir avec exactitude quelle serait la juste volonté de Dieu. Si nous savons que la volonté de Dieu est que nous accomplissions toute justice envers lui et envers notre prochain, il me semble moins évident dans certaines situations de discerner l’application de cette justice et de savoir comment l’appliquer avec justesse, c’est à dire comme il se doit.

 

Invitons-nous dans le passage de Matthieu 3.13-17 qui nous occupe. Nous nous attarderons ici, non pas à déterminer essentiellement le terme justice, mais plus à identifier la manière dont Jésus va s’en préoccuper et l’appliquer. Pour ce faire, prenons un peu de temps pour se reconstituer à l’esprit un certain reflet du contexte de ce passage.

Contexte

Nous nous trouvons ici à l’aube d’une aire nouvelle. Le temps est venu, le royaume est proche, la délivrance est annoncée, la nation scrute, guette, cherche, investigue. A ce moment, « nous sommes à l’époque du deuxième temple, à mesure que s’aggrave la crise nationale que traverse Israel, l’espérance messianique s’amplifie »[1]. Les prophéties sont étudiées, analysées, interprétées, ré-interprétées, elles semblent indiquer que le temps est venu. Les romains ont envahi la Palestine. Par la bouche des prophètes, Dieu a promis à son peuple de lui offrir cette terre et de lui accorder la liberté. « Le peuple entier sera attentif aux signes du Messie, aux souffrances qui préluderont à sa venue et à celles de son annonciateur, le prophète Elie ». L’engouement est tel que plusieurs fanatiques, les uns plus que les autres, se font passer pour le Messie ou se croient l’être. Tous habités par ce désir d’offrir au peuple la liberté et la paix promises. Il y en a marre de vivre sous l’oppression politique étrangère.

« Si le temps est venu, accomplissons donc la prophétie ».

On peut facilement imaginer dans ce contexte, que le désir et l’espérance de voir ce jour arriver créa dans le coeur de certains, non seulement une imagination débordante, mais aussi un sentiment trompeur et illusoire au point de se croire ou de se prendre pour l’élu, pour le héros, le Messie. Le Messie est attendu, Dieu l’a promis, dès lors, certains pouvaient penser que si ce qui avait été annoncé par les prophètes n’était pas encore arrivé, c’était peut-être parce que Dieu attend que le peuple se lève, se bouge, se mette en marche. Un discours auquel nous sommes familiarisés dans les églises. Si celui-ci peut se révéler être juste dans certaines circonstances, l’est-il pour autant dans toutes ?

Une question me semble intéressante à se poser, qu’en est-il de notre attitude lorsqu’une promesse tarde à venir ? S’il est des situations où la responsabilité d’agir nous appartient, n’y a-t-il pas d’autres situations où il serait risqué d’agir à la place d’un autre à qui revient la responsabilité d'agir ? Quels risques encourrons-nous à forcer la main et d’agir à un moment inopportun ?

Dans nos histoires familiales, dans notre vie sociale, professionnelle et relationnelle, il est bon de pouvoir discerner les responsabilités qui nous incombent, celles qui appartiennent aux autres et celles qui sont à Dieu. A qui revient la responsabilité de… est une question intéressante lorsque nous sommes devant des situations complexes, difficiles à endurer, voire culpabilisantes. Cependant, cette question peut avoir un autre but que celui de désigner un coupable ou de se dédouaner de tout engagement, elle peut être un appui permettant de mettre un peu d’ordre dans le désordre des idées et repositionner la visée de nos actions à faire et à ne pas faire. Il me semble que s’il y a de la responsabilité dans la vie, c’est qu’il y a de l’engagement et s’il y a de l’engagement à avoir c’est parce qu’il y a une vie sociale devant s’organiser et s’il y a une vie sociale, c’est parce qu’il y a des êtres humains appelés à vivre ensemble.

Notre impuissance face à certaines situations nourrissant notre désir de voir les autres ou Dieu agir pour rétablir un certain chaos social ou spirituel pourrait nous pousser à prendre dans certaines situations une responsabilité qui n’est pas la nôtre. Cependant, est-ce toujours pour un mal ? Est-ce pour autant toujours injuste ? Chaque situation mérite une attention accrue. Ne nous enfermons pas trop vite dans des réponses uniques pour des situations multiples, mais prenons le temps, quand cela est possible, d’agir le plus consciemment et fidèlement possible.

C’est donc dans le contexte tel que relevé ci-dessus, que je m’émerveille de l’attitude et de la posture du Christ dans le Jourdain, c’est à dire dans sa manière d’être et de faire. Prochainement, je poursuivrai ma réflexion et vous partagerai cet émerveillement qui est le mien. Nous nous intéresserons à l’attitude du Christ en tenant  compte essentiellement de sa destinée : devenir le futur Roi du royaume promis par Dieu.

à suivre...

Tonino D.

 

[1] André Chouraqui; « que sais-je ? LA PENSEE JUIVE » Édition Presse universitaire de France 1965

 

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