Un changement radical par sa révélation en moi !

C’est à l’âge de 19 ans que ma vie va prendre un premier grand tournant. La mort d’un ami me plongea sérieusement dans une quête de sens : la raison de mon existence. Je vécus un moment extraordinaire. Seul dans ma chambre, du plus profond de mon âme, je poussai un cri de détresse, un appel au secours. Mon espoir était que, s’il y avait un autre monde, peut-être que quelqu’un m’entendrait. Ce quelqu’un, cet Autre dont ma mère m’avait tant parlé, mais que je n’avais jamais perçu. Je savais de qui il s’agissait, mais je ne le connaissais qu’au travers de ce qu’elle m’en disait. Je ne l’avais jamais rencontré, ni cherché d’ailleurs. Mais, existait-il vraiment ou était-ce une projection mentale ? Était-ce une illusion entretenue par un imaginaire collectif luttant contre des angoisses archaïques ? Après tout, ce Dieu, ma mère ne l’avait jamais vu !

Je me souviens de cette prière à la fois provocante et pleine d’espérance : « Toi là-haut, dis-je, si tu existes vraiment, montre-moi que tu es là ! Pas besoin que ce soit un pasteur, que ce soit un membre de la communauté que fréquente ma mère qui vienne me casser les oreilles. Si tu existes, montre-toi, toi-même ! J’ai besoin de savoir... » 

En un instant, une présence particulière envahit ma chambre, comme une sorte de courant électrique qui traversait mon corps tout entier, un flux frissonnant se déversait sur moi et en moi. Je ne sais combien de temps avait duré ce moment, mais je me souviens avoir dit : « Ne me quitte pas, reste avec moi». Je me sentais entouré, consolé de ma tristesse. Mon sentiment de solitude profond face à la mort de mon ami, face à la mort elle-même, fut comblé par cette présence divine, tangible et affectueuse. Il était là, présent, un être ni de chair, ni d’os.

Dès lors, je compris que Dieu était réel et qu’il ne pouvait pas être vu avec les yeux du corps. Je saisis qu’il était d’une autre nature que la mienne et qu’il se révélait à qui se disposait à le rencontrer. Je compris que lui seul décidait quand et comment commence le début de sa révélation en l’être qui le cherche. Plus tard, je comprendrai que, même si Dieu s’était révélé au travers d’une sensibilité que je ne connaissais pas jusque-là, il allait essentiellement se révéler à moi avec les yeux de l’esprit.

Très vite, je m’ouvris à la lecture de la Bible en commençant par m’imprégner des Évangiles. Je compris que Dieu est Esprit et que c’est en esprit que nous devons le chercher profondément. C’est en esprit que nous pouvons le trouver et établir une relation constante avec lui.

Mon amour pour les Écritures Saintes ne fera que grandir et me donner l’envie, durant mes heures de loisirs, de me consacrer à leur lecture. Petit à petit, mon rapport aux mots, aux textes, à l’écriture deviendra de plus en plus agréable, et la personne de Christ façonnera et continue aujourd’hui de façonner en moi la perception que j’ai de notre humanité et du sens que peut avoir la vie.

La recherche du sens reste pour moi un point essentiel à une vie spirituelle épanouissante. Il ne suffit pas de savoir intellectuellement réciter, ou encore se référer à ce que dit la Bible, à ce que pensent les autres penseurs, ou accepter sans comprendre des doctrines dictées par l’homme religieux et son repère dogmatique, pour être assuré de marcher sur les voies de Dieu. Se laisser travailler par son Esprit, renouvelant notre intelligence et notre entendement, nous permet de découvrir le sens des Écritures Saintes.

Concernant la Bible, j’ai aujourd’hui cette conviction : ce ne sont pas les textes qui révèlent Dieu, car Dieu ne peut être contenu dans un texte, mais c’est Dieu qui se révèle à nous au travers de ces textes. Les textes témoignent que Dieu s’est révélé aux hommes et qu’il continue à le faire, mais ils ne peuvent révéler Dieu par ce qu’ils sont. Ils sont lettres mortes, s’ils ne sont pas accompagnés de l’Esprit de vie. C’est l’Esprit qui a inspiré les hommes à écrire ces lettres, c’est au travers de celles-ci qu’il met notre esprit en contact avec sa réalité, avec sa présence, lui le Dieu de toute éternité.

« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. »

2 Timothée 3.16

« Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. »

2 Corinthiens 3.6

La vie de l’esprit passe inévitablement par la pensée, par la réflexion, la méditation, par la recherche du sens que donne l’Écriture à tous ces principes et valeurs spirituels qu’elle contient. Ceux-ci ne prennent vie et ne deviennent pensant pour soi-même et les autres que lorsqu’ils sont accueillis par l’homme spirituel ou la femme spirituelle que nous développons et non l’homme ou la femme moraliste qui, par nature, prend bien trop souvent la première place en nous.

Une de nos particularités humaines, c’est que nous sommes des êtres pensants, des êtres spirituels ayant reçu, par l’Esprit-Saint, l’accès pour côtoyer la pensée de Dieu, mais aussi toutes autres pensées. Cette partie de nous n’est pas naturellement consciente et a besoin de rester éveillée. Cela dépendra de notre volonté à consacrer des instants pour cette quête. C’est, pas à pas, petit à petit que se fraye le chemin qui me conduit vers la plénitude de Dieu.

Tonino D'Arcangelo

Extrait du livre : De toutes mes pensées, je Suis l'Être là !

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