"LA CROIX NOUS UNIT CONTRE LA DISCORDE" (1 Corinthiens 1.10-17). Etude et réflexion sur la première Epître aux Corinthiens (article 8):

Après avoir étudié ensemble les 9 premiers versets de ce premier chapitre de cette première épître aux corinthiens sous le titre : « Par sa grâce tout reste possible », poursuivons les huit versets suivants; avec pour titre cette fois : « La croix nous unit et combat la discorde ».

Avant de commencer notre réflexion, j’attire votre attention sur le terme discorde que j’ai choisi pour le titre de cette section. Ce terme ne signifie pas, comme nous pouvons l’interpréter parfois, un simple désaccord, un simple différent, mais bien comme « une désunion grave ».

Commençons à nous intéresser aujourd’hui aux versets 10 et 11.

Je vous encourage, mes frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous le même langage : qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous ; soyez bien unis, dans la même pensée et dans le même dessein. En effet, mes frères, les gens de Chloé m’ont appris qu’il y a des disputes parmi vous.

Le verset 11 nous indique clairement la raison pour laquelle Paul aborde le sujet des divisions. Il a appris, de source sure, qu’il y a des disputes parmi les chrétiens de l’assemblée. D’autres versions de la bible traduisent par rivalité.

Le terme grec utilisait ici, nous dit Campbell, semble indiquer avec précision qu’on ne parle pas de rumeurs incontrôlables, mais bien de faits précis, identifiés, relevés par des personnes de confiance.

Paul s’appuie sur les gens de la maison de Chloé (verset 11), ainsi que sur trois messagers venus de Corinthe que sont Stéphanas, Fortunatus et Achaïcus (1 Corinthiens 16.17). Paul à certainement prit le temps de confronter les informations récoltées et de comparer les témoignages.

Petit supplément d’information : dans la littérature théologique, deux hypothèses sont avancées sur l’identité de Chloé. La première, elle aurait déménagé avec tous les siens de Corinthe à Ephèse, la ville où se trouve Paul au moment où il écrit cette missive. La seconde, Chloé aurait été une commerçante dont le personnel aurait été constamment en déplacement entre Corinthe et Ephèse.

Nous disions donc que Paul n’est certainement pas quelqu’un qui se contenterait de rumeurs pour intervenir de la sorte, mais que c’est bien à partir de faits concrets et suffisamment interpellant qu’il prend l’initiative de réagir. D’après le contenu de l’épitre, on peut déduire que l’entourage de Chloé et les trois émissaires corinthiens ont informé Paul de sujets précis :

1. Qu’il y a quatre partis dans l’église (12)
2.  Que l’autorité de l’apôtre Paul est contestée par des gens s’appuyant sur une certaine sagesse et une certaine connaissance(1.17 et 4.21).
3. Qu’un chrétien vivait dans une relation incestueuse sans que l’église ne réagisse (5.1 et 6.12).
4. Que des membres faisaient pour des vétilles (choses sans importance), des procès devant les tribunaux païens (6.1-9).
5. Que certains chrétiens fréquentaient encore des prostituées (6.12)
6. Que certaines femmes n’avait pas un comportement adéquat dans les assemblées (11.2-16).
7. Qu’il y avait des débordements dans les agapes accompagnant le repas du Seigneur (11.17-34).
8. Que certains membres de l’église enseignaient qu’il n’y avait pas de résurrection des morts (15.1-58).

Le diagnostic posé, il n’est donc pas question ici d’être face à de simples divergences d’opinions philosophiques ou spirituelles  gérées par des chrétiens matures, capable de débattre en paix, mais bien de faire face à une assemblée qui implose tant moralement, que socialement et spirituellement.

Nous comprenons ici pourquoi, Paul, dans son prologue, rappelle aux corinthiens l’appel à la communion qui est l’antagonisme de la querelle. Communier avec Christ  ne peut conduire à des disputes liées à de vaines controverses et ne peut maintenir l’éclatement de l’assemblée en 4 partis et coterie. Paul prend la situation au sérieux et décide, dans sa fonction d’apôtre, de traiter la question des divisions (du chapitre 1.10 au chapitre 4). Il en va du témoignage de l’église et de sa santé spirituelle. Nous pouvons donc considérer ce passage comme une introduction générale à la question. Nous pouvons diviser ces 8 versets que nous abordons maintenant en 3 parties :

1. Un appel aux Corinthiens (versets 10 et 11)
2. Une exposition des faits (Versets 12)
3. Un élargissement du débat et un approfondissement du sujet traité (Versets 13 à 17)

Avant de nous attarder à ces trois points, laissons cette introduction nous interpeller sur le sujet des rumeurs. Que faisons-nous de celles-ci ? Comment réagissons-nous face à des informations qui circulent ? Prenons-nous le temps de les croiser avec d’autres, de les analyser, de les développer, ceci afin d’éviter de tomber dans le piège des ragots, des potins au risque d’alimenter une polémique qui n’a pas lieu d’être. Ne vaudrait-il pas la peine de s’assurer du sérieux et de la réalités des faits avant toutes interventions ? Et quand bien-même, ceux-ci sont réels, n’est-il pas nécessaire de prendre la peine de penser avec Dieu sur la raison et la manière d’agir devant ces situations qui, c’est vrai, ternissent parfois nos communautés ?

1. L’appel aux Corinthiens.

Le verset 10 commence avec cette expression « Je vous exhorte », ou encore selon les versions, « Je vous supplie », « Je vous encourage », « je vous recommande », « je vous prie »…

Nous ressentons ici l’appel urgent lancé par l’apôtre Paul aux Corinthiens. C’est à la fois, un appel et un plaidoyer, « je vous exhorte », un peu comme ayant été appelé à leurs côtés en qualité d’avocat et de consolateur à la fois. Campbell explique d’ailleurs que le mot « exhorter », dans son sens original, à la même racine que le mot paraclet. « Paraclet », qui est l’un des nom donné par Jésus au Saint-Esprit (Jean 14.16-18). Paul va dans sa lettre , à la fois consoler les membres attristés et défendre les intérêts de la cause de Christ.

Ce n’est pas un hasard si, comme nous l’avons étudié, que le verset qui précède nous rappelle que Dieu est fidèle et que par sa grâce tout reste possible... car c’est avec cet état d’esprit, avec cette conviction que Paul commence son exhortation, son appel, son plaidoyer par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ…

Cela nous invite à une autre question ouverte : pour toutes interventions, toutes manifestations, toutes réactions que nous pouvons exprimer ou considérer, avons-nous la certitude qu’elles soient réellement dans l’intérêt du Christ et non du nôtre ? Ne pensez-vous pas que sous le nom de Jésus-Christ, sous le nom de Dieu, de sa Parole, beaucoup d’initiatives peuvent se faire par intérêt autre qu’un réel intérêt pour Jésus-Christ ? Je ne cherche pas ici à maudire ou à signaler des personnes particulières, juste à ce que nous puissions, tous, personnellement, oser se questionner sur les réelles intentions qui nous motivent… Pour cela, il faut oser dépasser son apparence religieuse et son amour propre qui bien souvent nous leurrent. En se questionnant de la sorte, le but, n'est pas de nous flageller spirituellement, mais de chercher à prendre conscience de ce qui, en nous, doit être traité avec soin par la grâce du Seigneur afin de poursuivre dans cette volonté d'établir une réelle communion avec Dieu, ainsi que les membres de son Eglise.

Terminons ce premier point avec cette question : A quoi Paul Exhorte-t-il les Corinthiens dans son appel ? Beaucoup de traductions sont possibles et ont été rendues différentes :

À tenir un même langage, nous voyons un peu plus loin qu’ils avaient un langage non pas commun, associé au même intérêt, mais plutôt un langage qui divise, qui met en compétition, qui ne permet pas de construire une certaine unité.

Paul appelle aussi à ne pas avoir de division parmi eux. Comment travailler à l’unité quand il y a tant de différents aussi dévastateurs dans une même assemblée ? Quel défi, lancé par l'apôtre Paul ! Comment préserver de l’harmonie au cœur d’une communauté ? Au cœur de l’Eglise ?

Paul appelle à être parfaitement unis dans un même esprit, dans une même pensée, ayant une même conviction, dans même sentiment…

Les traductions possibles et faites pour ces deux versets, sont tellement nombreuses, que nous devons essayer de les relier dans le contexte pour rester dans le sens du texte. Les versets que nous avions étudiés juste avant nous y aident bien, l’idée de Paul, c’est de tout faire pour que les Corinthiens restent de véritables associés et compagnons du Christ afin qu’ils participent ensemble à l'édification de son Eglise appelée à être le sel et la lumière de la terre… Pour cela, elle a besoin de chercher, de préserver et maintenir une véritable communion et un véritable intérêt commun : Christ, le chemin, la vérité et la vie.

À suivre…

Tonino D.

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